Parmi les cancers gynécologiques, ceux qui sont associés au taux de mortalité le plus élevé restent les cancers ovariens et ceux du corps utérin. Or il est difficile, au moment de la découverte, de prédire le pronostic à moyen terme de ces différents cancers - et plus particulièrement celui du corps utérin - en raison de l'absence de marqueurs fiables de pronostic (à l'exception du CA 125 pour les cancers ovariens).
Pour cette raison, une équipe de chercheurs israéliens et allemands ont proposé une analyse immunohistochimique rétrospective à la recherche d'une facteur d'adhésion, le facteur L1, dont le rôle est déterminant dans l'adhésion et la migration des cellules tumorales.
L'étude a porté sur 58 patientes atteintes de carcinomes ovariens épithéliaux et 72 autres ayant présenté un carcinome endométrial. Ces femmes avaient été opérées entre 1993 et 2002. Elles avaient, à cette occasion, bénéficié d'un prélèvement histologique qui a été conservé coulé dans de la paraffine.
Le facteur d'adhésion L1 est une glycoprotéine membranaire de type I, d'un poids moléculaire de 200-220 kD et qui appartient à la famille des immunoglobulines. Son rôle a d'abord été étudié dans le développement du système nerveux, où elle agit comme un facteur de régulation de l'adhésion et de la migration cellulaire. Dans un deuxième temps, des chercheurs ont montré que ce facteur d'adhésion joue aussi un rôle dans le développement de certains cancers.
Fiable sur le court et le moyen terme
Trois différentes techniques ont été utilisées afin de mettre en évidence le facteur d'adhésion chez les 130 femmes testées : immunohistochimie, PCR et Western Blot.
« Nous avons détecté du facteur d'adhésion L1 dans les deux types de cancers étudiés et le taux de cette molécule était corrélé de façon systématique au degré de gravité de la maladie », analyse le Dr Mina Fogel.
Dans cette étude, le facteur L1 a été retrouvé chez 46 des 58 patientes ayant présenté un cancer de l'ovaire et chez 20 des 72 femmes atteintes d'adénocarcinome utérin. L'analyse rétrospective du devenir des patientes a permis de montrer que le taux du facteur L1 apparaît comme un facteur prédictif très fiable du pronostic à court et à moyen terme. Ainsi, les patientes atteintes de tumeur utérine et chez qui un facteur L1 a été détecté ont vu leur risque de progression vers une atteinte régionale et généralisée majoré.
Cette constatation a même été faite chez les porteuses de tumeur de type endométrioïde, une forme histologique considérée habituellement comme de bon pronostic. Pour les auteurs, « ce dosage pourrait être effectué de façon systématique dans l'avenir au moment de la biopsie ou lors de la chirurgie chez les patientes atteintes de cancer de l'endomètre afin de mettre en place un traitement plus agressif chez les patientes à mauvais pronostic ».
Les chercheurs avancent une explication physiopathologique à cette découverte. Le facteur L1 est en effet clivé par une métalloprotéinase particulière : ADAM 10. Or une élévation des taux de cette métalloprotéinase, en réponse à une majoration de ceux du facteur L1, pourrait faciliter la migration stromale des cellules tumorales et leur adhésion aux autres tissus de l'organisme.
« The Lancet », vol. 362, pp. 869-876, 13 septembre 2003.
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