Cancer du côlon et du poumon : l'ACE
La plupart des antigènes exprimés par les cellules tumorales sont des autoantigènes et, de ce fait, ils restent peu immunogènes. Mais des techniques de manipulation protéines ont récemment été développées afin de rendre les antigènes naturels (l'antigène carcino-embryonnaire, par exemple) plus immunogènes. C'est grâce à ces travaux que l'équipe du Dr Lawrence Fong (Stanford) a imaginé un candidat vaccin contre les cancers colorectaux et pulmonaires à une stade avancé. On sait en effet que ces cancers s'accompagnent d'une surexpression de l'ag ACE. Pour pouvoir, dans un premier temps, mettre en contact l'ag ACE modifié et les cellules dendritiques présentatrices d'antigènes du patient, les oncologues ont procédé à un prélèvement sanguin à partir duquel ils ont isolé et mis en culture des cellules dendritiques. Après une multiplication par un facteur 20 du nombre de ces cellules en présence du ligand FLT-3 et après la mise en contact des cellules dendritiques avec l'ag ACE modifié, ils ont réinjecté ces cellules aux 12 patients inclus dans l'étude. L'immunisation par les cellules dendritiques a induit une différentiation de lymphocytes cytotoxiques CD8 qui ont été capables de reconnaître l'ag ACE endogène. « Parmi les 12 patients atteints de cancers du côlon ou du poumon inclus, deux ont vu la taille de leur tumeur régresser, un a présenté une rémission durant une année et un autre durant dix mois. Enfin, la taille de la tumeur s'est stabilisée pendant six mois chez deux d'entre eux. Aucun effet indésirable n'a été déploré », indiquent les investigateurs.
Cancer pulmonaire non à petites cellules : vaccin GVAX
Le principe de la vaccination par le vaccin GVAX repose sur une manipulation génétique des cellules tumorales in vitro. Cette manipulation induit la sécrétion par ces cellules de GM-CSF (Granulocyte-Macrophage Colony Stimulating Factor), une cytokine qui joue un rôle dans la réponse immunitaire de l'hôte contre les tumeurs. Ce type de manipulation et la fabrication d'un vaccin par transfert de gènes dans un adénovirus ne prennent que 24 heures, alors que les transferts de gènes dans des rétrovirus nécessitent des divisons cellulaires actives et une culture in vivo prolongée. Une équipe dirigée par le Dr John Nemunaitis (Dallas) a mis en place une étude de phase I/II évaluant cette approche vaccinale sur 80 patients (20 présentant une tumeur pulmonaire non à petite cellule à un stade précoce et 60 à un stade tardif).
« Actuellement, 6 patients (3 en stade précoce, 3 en stade évolué) ont achevé le protocole vaccinal (6 vaccinations). Sur les 3 sujets au stade avancé, l'un a présenté une régression totale des lésions à l'examen radiologique de la 12e semaine, un autre a présenté une réponse mixte (régression de certaines lésions tumorales), enfin la pathologie du dernier est restée stable », explique le Dr Nemunaitis. Les 3 patients à un stade précoce ont vu leur lésion régresser totalement à l'issue des trois mois de suivi.
Une évaluation sérique de l'immunité de ces patients montre l'apparition d'une population de lymphocytes T et B actifs contre la tumeur, et les signes d'une hypersensibilité retardée. L'étude en cours sera complétée dans les six mois à venir.
Mélanome métastasé aux poumons : vaccin autologue
Chez des patients ayant un mélanome avancé (stade IV) métastasé aux poumons, un candidat vaccin à base de cellules tumorales autologues modifiées a entraîné une augmentation de la survie à trois ans.
Ce vaccin autologue est le fruit de travaux de l'équipe de David Berd (université Thomas Jefferson, Philadelphie). Il est appelé autologue car constitué à partir de cellules tumorales du patient lui-même, inactivées et traitées par du DNP (dinitrophényl).
L'an dernier, déjà, l'équipe de Berd avait présenté les résultats de phase II avec ce vaccin chez 214 patients ayant un mélanome ayant diffusé à un ou deux ganglions ; résultat : survie à cinq ans, 47 %, et même 50 % chez ceux qui avaient un seul ganglion atteint.
La nouvelle étude, présentée lundi au Congrès de l'ASCO, a porté sur 37 patients ayant un mélanome avancé (stade IV), ayant disséminé au-delà des ganglions : 20 avaient des métastases pulmonaires et les autres des métastases dans d'autres tissus. Après ablation chirurgicale du cancer primitif, les patients ont reçu le vaccin autologue. Résultat : 59 % de survie à trois ans. Ce qui est une « bonne réponse » car, avec la chirurgie seule, seuls de 10 à 20 % des patients vivent cinq ans ou plus. Le résultat est meilleur en cas de métastases pulmonaires que de dissémination dans les tissus mous, ce que David Berd estime « inattendu ».
Chez presque tous les patients vaccinés, les chercheurs ont également montré une positivité des tests cutanés d'hypersensibilité retardée. Or, ils avaient déjà remarqué que ceux qui ont une réponse positive sont ceux qui vivent le plus longtemps.
L'équipe de Berd participe maintenant à un essai de phase III, destiné à évaluer l'efficacité du vaccin chez les patients ayant une atteinte ganglionnaire. Cet essai est sponsorisé par AVAX Technologies Inc. (Kansas City), qui détient les droits exclusifs sur ce vaccin. Cet essai randomisé, qui durera cinq ans, comparera l'efficacité du vaccin autologue au traitement standard, l'interféron alpha.
En direct du congrès de l'ASCO de San Francisco
Cancers du côlon, du poumon et mélanome : des candidats vaccins à l'essai
Publié le 14/05/2001
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 6917
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