Avec 240 000 nouveaux cas chaque année, les cancers représentent la première cause de mortalité chez l'homme (29 % des décès) et la deuxième chez la femme (23 %).
Des causes sont aujourd'hui bien identifiées, liées aux modes de vie et à l'environnement : tabac, alcool, substances chimiques, radiations, certains médicaments, obésité, certaines habitudes alimentaires. La prévention de l'obésité pourrait être particulièrement bénéfique pour la réduction de certains cancers de la femme, notamment celui de l'endomètre, et le cancer du sein après la ménopause. Toutefois, les connaissances du rôle spécifique de l'alimentation dans l'étiologie des cancers sont limitées. Plusieurs hypothèses sur le mode d'action des nutriments suggèrent différents mécanismes d'action possibles dans la prévention des cancers et autres maladies. Les caroténoïdes, la vitamine C, la vitamine E, les folates, les polyphénols et les flavonoïdes sont reconnus comme antioxydants, mais il semble que la protection due à une alimentation riche en fruits et en légumes, principales sources en micronutriments, soit plus efficace et probablement plus sûre que celle apportée par des suppléments vitaminiques.
L'intérêt d'un régime riche en légumes verts et en fruits
Des travaux ont montré qu'un régime riche en légumes verts et en fruits réduit le risque de cancer du tractus aérodigestif supérieur, de l'estomac, du côlon et du rectum (ainsi que le risque de polypes colo-rectaux) et probablement les risques de cancers d'autres localisations ; qu'un régime riche en viande rouge augmente modérément le risque de cancers du côlon et du rectum ; qu'un régime riche en sel et en aliments conservés au sel augmente le risque de cancer de l'estomac.
Ces résultats sont suffisamment valides pour alerter et informer les consommateurs, mais des recherches plus précises sont encore nécessaires pour déterminer avec précision le ou les facteurs en cause.
Lancée en 1992, l'étude de cohorte EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition) est prospective, multicentrique (dix pays européens, vingt-quatre centres), menée sous la coordination du Centre international de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé, avec le soutien du programme « L'Europe contre le cancer », de la Communauté européenne conduite par International Agency for Research on Cancer (IARC). L'objectif de cette étude est d'évaluer les relations possibles entre les régimes alimentaires, les caractéristiques génétiques et métaboliques, les habitudes et le mode de vie, et les risques de cancer et de maladies cardio-vasculaires.
Une très grande étude européenne en cours
En 2000, 520 000 sujets d'âge moyen étaient déjà inclus et des informations recueillies : alimentation, consommation d'alcool et de tabac, antécédents génétiques, fécondité, procréation, contraception, médicaments, activité professionnelle, activité physique et catégorie socioprofessionnelle). Ce projet devrait apporter ses principaux résultats dans les dix ans.
Des études complémentaires sont prévues sur le rôle possible des stéroïdes, des facteurs de croissance insuline like et de leurs ligands dans la survenue des cancers du sein, de la prostate, du côlon et du rectum. Les recherches biologiques sur les facteurs métaboliques seront complétées par des investigations génétiques ciblées plus particulièrement sur les systèmes géniques impliqués dans des fonctions métaboliques connues (métabolismes hormonaux, métabolismes de certaines vitamines, carcinogènes exogènes, etc.), et qui peuvent jouer un rôle dans la carcinogenèse.
Eurocancer. Symposium consacré à l'approche métabolique et nutritionnelle des cancers, coorganisé par le comité scientifique d'APRIFEL auquel participaient E. Riboli, H. Pujol, T. Norat, R. Lemaire, M.-S. Meyer, L. Damiens et A. Yngve.
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