La prévention, qu'elle soit primaire ou secondaire (détection précoce et traitement visant à enrayer la progression), est d'autant plus importante que les facteurs qui augmentent le risque de cancers du rein et de la vessie sont de mieux en mieux connus (tabagisme, facteurs environnementaux, professionnels, nutritionnels, HTA, obésité), que les moyens de dépistage existent (PSA et toucher rectal pour le cancer de la prostate à rythme régulier chez les hommes entre 50 et 75 ans), que des traitements bien rodés peuvent être mis en œuvre, que des traitements de moins en moins invasifs émergent - tel le traitement par ultrasons focalisés de haute intensité (HIFU) -, qui limitent les effets secondaires du cancer localisé de la prostate.
• Cancer de la prostate : dépistage annuel à partir de 50 ans
Exceptionnel il y a un siècle, le cancer de la prostate est devenu, en France, le cancer le plus fréquent de l'homme, avec près de 40 000 cas par an et une mortalité avoisinant les 10 000 décès chaque année. Les causes de cette progression sont en premier le vieillissement de la population : au début du siècle, l'espérance de vie des hommes ne dépassait pas 45 ans ; elle dépasse maintenant les 75 ans. « Ce cancer a actuellement pour les hommes la même incidence que le cancer du sein pour les femmes » et un dépistage systématique de 50 à 75 ans serait bénéfique. Les résultats préliminaires d'enquêtes internationales le révèlent. « Les outils diagnostiques pour dépister le cancer de la prostate existent (PSA et toucher rectal) », répète le Pr Mangin, président de l'AFU, qui prône ce dépistage systématique annuellement chez les hommes de 50 à 75 ans et à partir de 45 ans chez les sujets appartenant à des familles à risque. S'il est détecté très tôt, on dispose d'outils performants pour le soigner et faire baisser de façon significative la mortalité. L'AFU a édité des dépliants et des affiches destinés aux généralistes et aux pharmaciens pour les sensibiliser à ce dépistage ; elle propose aussi une monographie réalisée par le comité de l'AFU dressant l'état des lieux des facteurs qui peuvent expliquer l'apparition des cancers urologiques et laissant une large place au cancer de la prostate.
• Cancer de la vessie : tabac et environnement professionnel
Le cancer de la vessie fait partie des cancers en augmentation. Fréquent, il occupe la cinquième place et est responsable de 3 % des décès par cancer en France, le tabac étant le facteur principal de son développement. La viande salée, grillée au barbecue, augmenterait le risque, ainsi que le café et les eaux polluées par l'arsenic, les nitrates et le chlore. A contrario, fruits, légumes, rétinol, certaines vitamines (vitamine E) et thé auraient un effet protecteur. L'environnement professionnel (maniements de colorants, plastiques) augmente de façon certaine le risque de cancer de la vessie. Et, sur ce point, l'AFU insiste sur la nécessité d'une meilleure information des travailleurs confrontés par un environnement défavorable. En France, la sous-estimation des cancers de la vessie d'origine professionnelle est flagrante. Pourtant, un dépistage pour ces populations à risque pourrait être envisagé, même si l'outil de dépistage dans ce type de cancer doit encore s'améliorer (cytologie urinaire). De nouveaux marqueurs devraient apparaître et modifier ce dépistage.
• Cancer du rein : + 2 % par an
Le cancer du rein est de plus en plus fréquent, mais de mieux en mieux soigné ; il représente 2 à 3 % des cancers dans les pays occidentaux, soit 8 000 nouveaux cas par an en France. Il est plus fréquent chez l'homme que chez la femme. On constate une augmentation régulière de 2 % par an. Les facteurs environnementaux sont très incriminés dans cette progression. Le tabac, en premier lieu, qui serait à l'origine de 20 à 30 % des cancers du rein. L'environnement professionnel est important, l'exposition de façon prolongée à certains polluants (trichloréthylène, notamment) augmenterait le risque de cancer du rein de façon significative. L'alimentation aurait un rôle dans la genèse des cancers du rein. Un apport énergétique trop important, une consommation excessive de viande grillée, des carences en vitamine E et en magnésium seraient des facteurs de risque. L'obésité, surtout chez la femme, apparaît comme un facteur de risque, surtout lors des variations de poids enregistrées au cours de régimes. Enfin, les patients en insuffisance rénale, dialysés ou greffés, ont un risque accru.
Conférence de presse, 97e Congrès français d' urologie.
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