De notre envoyée spéciale
à Francfort
L A rasburicase, « bien tolérée, qui abaisse rapidement et de façon impressionnante l'uricémie, révolutionne la prise en charge de l'hyperuricémie liée à certains cancers ou induite par chimiothérapie », déclare le Pr Ching-Hon Pui (St Jude Children's Hospital, Memphis, Etats-Unis).
Le syndrome de lyse tumorale (SLT) résulte de la destruction massive et rapide des cellules tumorales. L'épuration de l'importante quantité de composants intracellulaires libérés dans le sang dépasse les capacités rénales. Parmi les troubles métaboliques mettant en jeu le pronostic vital et obligeant à interrompre ou à différer la chimiothérapie, l'hyperuricémie aiguë a une influence péjorative majeure. Elle signe la menace d'une insuffisance rénale aiguë s'installant en quelques heures.
Le syndrome de lyse tumorale
Le risque de SLT est élevé chez les patients ayant un cancer à « charge tumorale importante » (notion complexe intégrant taille, type de tumeur, chimiothérapie administrée). Les hémopathies malignes, notamment les lymphomes non hodgkiniens agressifs et les leucémies aiguës (taux de guérison par ailleurs relativement importants), ont un risque très élevé, de même que certaines tumeurs solides : cancers ovariens, testiculaires, pulmonaires à petites cellules, souligne le Dr B. Coiffier (Lyon).
Les mesures préventives mises en œuvre de façon systématique avant chimiothérapie chez les patients à risque n'ont pas changé depuis trente ans : hydratation énergique, alcalinisation urinaire, administration d'allopurinol. Ce dernier nécessite quelques précautions (interaction avec le métabolisme de certains anticancéreux, ajustement des doses si insuffisance rénale). Son délai d'action fait différer la chimiothérapie de 24 à 48 heures. Dans de nombreux cas, le SLT survient, nécessitant une hémodialyse, majorant le risque de décès au cours de la première cure de chimiothérapie, compromettant l'impact d'une chimiothérapie potentiellement curative (risque de rechute de certains cancers).
L'urate oxydase représente une nouvelle approche du traitement et de la prévention de l'hyperuricémie aiguë (Uricozyme, enzyme non recombinante, Sanofi-Synthélabo). Cette enzyme naturelle, absente de l'organisme humain, convertit l'acide urique en allantoïne, dix fois plus soluble que l'acide urique et facilement éliminée par le rein. La rasburicase est une urate oxydase de nouvelle génération, de pureté supérieure, facilement produite en grandes quantités par génie génétique, précise T. Pearce (directeur médical international, division oncologie, Sanofi-Synthélabo).
L'évaluation clinique menée chez 347 patients adultes et enfants atteints d'hémopathies malignes (lymphomes et leucémies aiguës) montre son efficacité dans le traitement et la prévention de l'hyperuricémie aiguë.
En cas d'uricémie supérieure à 8 mg/dl, une réduction rapide et importante (86 % à la quatrième heure) suivant la première administration a été observée avec normalisation de l'acide urique dans les six heures, évitant ainsi de surseoir à la chimiothérapie. Un seul des 36 patients ayant une LLC (à cellules B) ou un lymphome B a été en dialyse (séries historiques : environ 25 %).
Chez 99 % des patients à risque ayant une uricémie normale avant chimiothérapie, l'uricémie (réduite de 87 % à quatre heures) est restée normale pendant toute la durée du traitement.
Peu d'effets indésirables
L'incidence des effets indésirables a été faible. Deux patients sur 347 ont interrompu le traitement. Environ 2 % ont eu une réaction allergique et moins de 10 % ont signalé céphalée, fièvre, troubles digestifs ou cutanés.
La recherche clinique se poursuit dans le domaine des tumeurs solides à risque.
L'AMM européenne a été obtenue pour Fasturtec en février 2001. Le produit, issu de la recherche Sanofi-Synthélabo, déjà commercialisé, depuis, dans certains pays d'Europe, pourrait être prochainement lancé en France. Son agrément est en cours d'examen aux Etats-Unis, il est en cours d'évaluation clinique au Japon.
Francfort. Conférence de presse organisée par Sanofi-Synthélabo à l'occasion de l'European Hematology Congress.
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