Depuis le début des années 1980, la technique et les appareils d'IRM se sont améliorés, les contraintes d'implantation sont devenues moins importantes et les hôpitaux peuvent être maintenant équipés d'appareils à puissance d'aimant de 1,5 tesla (utilisé pour la pratique courante), puis, plus récemment, d'appareils à 3 teslas.
A la suite des premières applications qui ont, dès le début, concerné le système nerveux, la cancérologie a pu, peu à peu, bénéficier des apports de l'imagerie par IRM.
Nous allons voir que les applications pratiques exploitent actuellement les propriétés de visualisation morphologiques de tissus sains et tumoraux offertes par l'IRM. Mais que, en complément de cela, des perspectives de caractérisation des tumeurs apparaissent progressivement.
1) Bilan morphologique
Les indications courantes en cancérologie concernent la neurologie, avec le diagnostic des tumeurs du système nerveux central (cerveau et moelle épinière). L'IRM est utile au diagnostic, au bilan préthérapeutique et au suivi du malade.
Ensuite, une indication de routine très fréquente est l'exploration des lésions tumorales osseuses, qu'elles soient primitives ou secondaires. L'IRM est le seul examen qui permet de visualiser la moelle osseuse. Elle est informative pour la recherche et le bilan des métastases osseuses et des maladies hématologiques (lymphome, myélome).
Il existe d'autres domaines où le scanner est performant, mais où l'on essaye de tirer parti des informations de l'IRM, pour la caractérisation des petites lésions hépatiques qui sont très souvent bénignes (angiomes, tumeurs). Si le scanner reste valable pour le bilan des métastases, on constate le potentiel de l'IRM pour déterminer si un nodule hépatique est bénin ou malin grâce à l'utilisation de produits de contraste spécifiques.
Dans certaines tumeurs ORL, les tumeurs de l'oropharynx ou de la langue, par exemple, l'IRM a remplacé le scanner.
2) Caractérisation des tumeurs
Au-delà de l'imagerie morphologique, il existe de nombreux essais actuellement en recherche clinique pour connaître le potentiel de l'IRM dans la caractérisation des tumeurs ou des tissus, domaine qui apparaît prometteur, tout en se gardant de considérer que l'IRM puisse remplacer l'histologie. Plusieurs paramètres sont à l'étude pour la caractérisation tumorale ou tissulaire par l'IRM : la prise de contraste (en utilisant un sel de gadolinium comme produit de contraste), la diffusion, la perfusion, l'oxygénation, la température.
Une étude est en cours à l'institut Curie (en association avec le centre René-Huguenin et l'IGR) dans le dépistage des cancers du sein chez les femmes à risque génétique, porteuses d'un gène BRCA1 ou BRCA2. On étudie la cinétique de la prise de contraste avant, pendant et après injection d'un sel de gadolinium, en réalisant des séquences dynamiques très rapides. On considère la forme de la courbe et on détermine si elle est plutôt en faveur d'une lésion bénigne ou maligne.
Le principe d'étude des différents paramètres peut s'appliquer à d'autres lésions, comme des tumeurs osseuses.
Le principal souci en cancérologie est d'essayer de s'approcher le plus possible de la caractérisation tumorale et de déterminer le comportement de la tumeur sous agents anticancéreux.
En outre, il existe des perspectives d'un autre ordre, en couplage avec la spectroscopie, pour réaliser une approche biochimique de la tumeur, comme dans le cancer de la prostate, où l'on essaie de cette manière de repérer les petits foyers cancéreux.
D'après un entretien avec le Dr Sylvia Neuenschwander, institut Curie, Paris.
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