« C'est avant tout l'émergence d'une véritable revendication des malades dans le monde qui a marqué l'évolution de la cancérologie au cours des 12 derniers mois », rappelle le Pr Khayat (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris). Cette évolution politique et organisationnelle a été notamment basée sur la publication de la « Charte de Paris contre le cancer ».
Pour la première fois, des acteurs issus de divers domaines, culturel et éducatif (UNESCO), médical et scientifique (OMS), économique (OCDE) et politique (Parlement européen) ont posé les bases d'initiatives allant dans le sens d'un respect accru des droits des patients cancéreux.
Cette prise de conscience devrait se traduire au cours des prochains mois par une amélioration de l'accès au traitement et au dépistage, un droit à l'information, une participation aux décisions, une facilitation de la circulation de l'information entre chercheurs...
D'un point de vue scientifique, depuis quelques années, les cancérologues explorent de nouvelles voies et de nouvelles cibles thérapeutiques ; par exemple, les antitélomérases.
Après la parution des premiers résultats d'études dans ce domaine au cours des derniers 18 mois, les chercheurs doivent maintenant prendre en compte la difficulté à développer ce type d'approche thérapeutique et ce, pour des raisons techniques. En effet seule la survie doit être prise en compte pour déterminer l'efficacité de ces médicaments testés en situation de maladie résiduelle (traitement adjuvant). Mais la multiplication des molécules testées - de 40 il y a 20 ans à 367 aujourd'hui - dans un contexte où le nombre de patients éligibles pour des essais cliniques reste limité, rend difficile l'évaluation à moyen et long terme des traitements adjuvants.
Mieux évaluer les traitements à long terme
« C'est pour cette raison qu'il devient urgent que les chercheurs en oncologie travaillent sur la définition de "surogate endpoints" », explique le Pr Khayat. Ces ensembles d'éléments cliniques et paracliniques seront déterminés selon leur capacité à préjuger rapidement de l'efficacité d'un traitement et de la validité d'un concept thérapeutique.
« C'est l'absence de ce type de "surogate endpoints" et l'impossibilité de juger un produit sur de grands essais cliniques qui ont conduit à tester des médicaments candidats dans de mauvaises conditions », analyse le Pr Khayat.
A titre d'exemple, au cours des 12 derniers mois, 5 médicaments (anti-angiogenèse et anti-mettalino protéinases), dont les premiers essais étaient pourtant prometteurs, ont ainsi été abandonnés.
Au cours des derniers mois, les chercheurs en oncologie ont aussi mis en lumière la complexité des cascades de signalisation intracellulaires. Un nombre croissant d'étapes intermédiaires - entre l'activation du récepteur membranaire et la synthèse de protéines, d'hormones ou de nouveaux récepteurs - a été découvert. Généralement, il s'agit de systèmes gate-control qui permettent de doser qualitativement et quantitativement chaque étape de la signalisation. Ces découvertes ouvrent maintenant la porte à de nouvelles stratégies thérapeutiques, inhibant ou activant spécifiquement la cible choisie.
« Enfin, d'un point de vue clinique, on se dirige de plus en plus vers des protocoles spécifiquement individualisés prenant en compte le patient dans sa globalité et toutes les facettes d'un traitement oncologique "à la carte" », conclut le Pr Khayat.
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