L'essai de phase 3 de chimiothérapie au cours du cancer du poumon à petites cellules métastasé, mené au Japon, a montré de si bons résultats qu'il a été interrompu prématurément. Kazuma Noda et coll. ont, en effet, comparé le devenir de patients traités par la classique association etoposide-cisplatine au protocole, plus innovant, ajoutant au cisplatine l'irinotecan, un inhibiteur de la topoisomérase I. L'augmentation remarquable des survies relevée avec cette dernière association a justifié de ne pas pousser aussi loin que prévu la comparaison.
Les médecins japonais ont mené leur étude de façon multicentrique randomisée. Les patients ont été enrôlés progressivement, le but étant d'arriver à 230. L'arrêt prématuré a restreint ce nombre à 154 patients. Classiquement, la survie médiane chez les patients traités par etoposide plus cisplatine est de huit à dix mois et le taux de survie à deux ans de 10 %. Au cours de cette phase 3, les 77 patients atteints de cancer pulmonaire à petite cellules métastasé, traités par irinotecan plus cisplatine ont bénéficié d'une survie moyenne de 12,8 mois, alors que les autres sujets n'ont survécu que 9,4 mois. A deux ans, les taux de survie globale se situent à 19,5 % pour les premiers et 5,2 % pour les seconds.
Aplasie médullaire
Des effets secondaires ont été enregistrés. Un aplasie médullaire a été notée au sein des deux groupes, avec une fréquence plus élevée dans le groupe etoposide. En revanche, en ce qui concerne la diarrhée de niveau 3 ou 4, elle a été plus fréquente dans le groupe irinotecan.
La proportion de patient ayant reçu les quatre cycles de chimiothérapie prévus était identique dans le deux groupes, ce qui élimine la responsabilité des variations dans les protocoles thérapeutiques ans les différences de résultats enregistrées. Les auteurs précisent que les effets secondaires hématologiques ou digestifs doivent être très sérieusement pris en charge au cours des premiers cycles, en raison de leur survenue préférentielle à ce stade du traitement.
L'étude cependant présente quelques faiblesses que les auteurs citent dans leurs conclusions. Ils rapportent que la seconde randomisation prévue, destinée à évaluer le bénéfice d'une radiothérapie thoracique ultérieure, n'a pu être effectuée. Il en va de même pour l'évaluation de la qualité de vie. Les données, enfin, concernant le traitement après la progression de la maladie n'ont pas été disponibles. K. Noda et coll. estiment malgré cela leurs résultats fiables dans la mesure où, au moment de l'analyse finale, aucun patient n'avait été perdu de vue.
« New England Journal of Medicine », vol. 346, n° 2, 10 janvier 2002, pp. 85-91.
Une étude sur quatre protocoles de chiomiothérapie
Une autre étude est publiée dans le « NEJM » abordant aussi la chimiothérapie au cours du cancer pulmonaire. Dans ce travail américain, signé Joan H. Schiller et coll., il s'agit cette fois de la forme non à petites cellules et de l'évaluation de trois protocoles face à l'association cisplatine-paclitaxel.
Ici, 1 207 sujets ont reçu soit cette chimiothérapie de référence, soit les associations cisplatine-gemcitabine, cisplatine-docétaxel ou carboplatine-paclitaxel.
Aucun de ces protocoles n'a montré de supériorité sur les trois autres. Le taux de réponse moyen a été de 19 %, la médiane de survie de 7,9 mois, la survie à un an de 33 % et celle à deux ans de 11 %.
Dans un éditorial accompagnant les deux études, Desmond N. Carey (Dublin, Irlande) rappelle que, selon les données de la littérature, vingt années d'essais cliniques sur le cancer du poumon métastasé ont conduit à une amélioration des survies... de deux mois.
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