L 'ETC représente à ce jour le plus vaste programme d'étude randomisée réalisé dans le traitement du cancer prostatique localisé, dont l'objet était de mesurer l'intérêt du bicalutamide après traitement standard (prostatectomie radicale, radiothérapie, surveillance).
Selon les premiers résultats du programme d'étude EPC pour Early Prostate Cancer présentés en avant première à l'EAU, le bicalutamide 150 mg, antiandrogène non stéroïdien (Casodex des Laboratoires AstraZeneca) diminue le risque de progression tumorale chez la moitié des sujets traités pour un cancer prostatique localisé. « Comme dans la plupart des cas, la guérison du cancer prostatique est plus facilement obtenue lorsqu'il est traité à un stade précoce », commente le Pr Manfred Wirth Dresden, Allemagne). Ces premiers résultats très prometteurs apportent les premières données sérieuses sur l'intérêt d'un traitement hormonal aux premiers stades du cancer de la prostate. « Bien que nous ne possédions pas encore les données en termes de survie, nous savons d'ores et déjà que le bicalutamide entraîne une réduction significative tumorale », a ajouté le Pr Wirth.
Le bénéfice des campagnes d'information sur le PSA
En l'an 2000, les Américains ont estimé que 184 400 hommes étaient atteints de cancer de la prostate et que 31 900 en décéderaient. Les campagnes d'informations sur l'intérêt du dosage du PSA ont permis que les diagnostics soient portés à un stade peu avancé.
Néanmoins, les traitements de première intention - prostatectomie radicale et radiothérapie - ne permettent pas d'obtenir une survie satisfaisante dans certains groupes à risque. Des progrès en termes de mortalité et de morbidité restent à accomplir. Des similarités biologiques existant entre cancer du sein et cancer prostatique, certains auteurs estiment qu'un traitement hormonal adjuvant pourrait, pour ce dernier, réduire les récidives tumorales et les décès comme l'a démontré le tamoxifène dans le cancer du sein à un stade précoce.
Entre août 1995 et juillet 1998, 8 113 hommes ont été inclus dans trois études randomisées, en double aveugle, contre placebo ayant le même rationnel méthodologique, mais conduites dans trois zones géographiques différentes (Amérique du Nord ; Australie ; Europe, Israël, Afrique du Sud, Mexique ; Scandinavie).
L'objectif principal de ce vaste essai était d'étudier l'intérêt du bicalutamide comme traitement hormonal adjuvant dans le cancer prostatique localisé (T1b-4N0-1M0, la majorité des patients étant N0).
Les patients étaient âgés de 38 à 93 ans, de 66,9 ans en moyenne. Parmi les patients, 67,4 % avaient un cancer stade T1-2, 66 % avaient un score de Gleason = 6 à l'entrée de l'étude. En raison de plus grandes campagnes d'informations sur l'intérêt du dosage du PSA, les patients américains présentaient globalement un cancer à un stade moins évolué. Aucun patient ne présentait d'adénopathies avant l'inclusion.
54 % de prostatectomies radicales aux Etats-Unis
Un peu plus de la moitié des patients (54,9 %) a bénéficié d'une prostatectomie radicale de première intention, 0,6 % d'une brachythérapie, 17,7 % d'une radiothérapie et 0,1 % d'autres traitements ; les 28,2 % restant ont été surveillés sans traitement et certains patients ont reçu deux traitements, ce qui porte à plus de 100 % le total. Les options thérapeutiques reflètent également les habitudes thérapeutiques géographiques : les Américains sont adeptes de la prostatectomie radicale alors que les Scandinaves optent pour le « Watchful Waiting » et surveillent.
Selon les premiers résultats, après 2,6 ans en moyenne, la progression tumorale est significativement ralentie, de 43 % chez les patients recevant le bicalutamide à la dose de 150 mg comparativement au traitement standard. De plus, le temps de doublement du PSA était significativement retardé : le taux de PSA n'a jamais doublé chez 84 % des sujets traités par le bicalutamide contre 63 % dans le groupe contrôle.
« Ces résultats relancent incontestablement nos discussions sur l'intérêt d'un traitement adjuvant hormonal dans le traitement du cancer prostatique à un stade précoce bien que nous n'ayons pas encore de résultats en termes de survie », a commenté John Anderson (Sheffield, Royaume-Uni).
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