D'ici à quinze ans ans, le cancer de la prostate sera le cancer le plus communément diagnostiqué chez les hommes. Bien que les causes à l'origine de cette pathologie soit beaucoup moins bien comprises que celles à l'origine des cancers du sein ou du poumon, des études épidémiologiques ont permis de dégager un certain nombre de facteurs génétiques et alimentaires favorisant le développement des tumeurs prostatiques. Les résultats de ces études ont conduit à la mise en place d'études cliniques visant à tester l'effet préventif de certains agents tels que le sélénium, la vitamine E ou la finastéride, une molécule permettant de réduire la concentration de la dihydrotestostérone dans la prostate.
Les cancers de la prostate sont le plus souvent diagnostiqués chez des hommes âgés de plus de 65 ans. Cependant, des études américaines se fondant sur des résultats d'autopsies suggèrent que des cancers latents sont présents dès 30 ans chez 30 % des hommes. Chez les hommes âgés de plus de 85 ans, les autopsies permettent de détecter un cancer plus ou moins développé dans 75 % des cas.
Facteurs génétiques
L'incidence du cancer de la prostate varie énormément selon la population étudiée. La plus faible incidence est mesurée en Asie (1,9/100 000 par an dans la région chinoise du Tian Jin) et la plus forte en Amérique du Nord, en particulier chez les Afro-Américains, et en Scandinavie (137/100 000 par an). Ces différences seraient causées par une combinaison de facteurs tels que la susceptibilité génétique de certains groupes ethniques, l'exposition à des risques externes, mais aussi des raisons artéfactuelles attenantes au suivi médical (dépistage, diagnostic, enregistrement des cas...) qui n'est pas identique dans tous les pays.
S'il est clair que le fait d'avoir un parent atteint d'un cancer de la prostate multiplie par deux ou trois ses propres risques de développer la maladie, cela ne signifie pas que tous les cancers de la prostate ont une origine génétique héréditaire : il est en effet possible que des membres d'une même famille soient exposés aux mêmes facteurs environnementaux favorisant l'apparition du cancer.
La recherche de facteurs génétiques prédisposant au cancer de la prostate a néanmoins permis de mettre en évidence différentes régions chromosomiques impliquées dans la susceptibilité à ce cancer. Des mutations dans la région HPC1 du bras long du chromosome 1, en particulier au niveau du gène RNASEL, semblent par exemple être à l'origine de la prédisposition au cancer de la prostate dans 6 % des 772 familles étudiés par le « Consortium international pour les cancers génétique de la prostate ». Des études de polymorphisme ont par ailleurs permis d'identifier un certain nombre de gènes impliqués dans la régulation du métabolisme androgène dont certains allèles sont associés à une augmentation du risque de cancer de la prostate. C'est le cas notamment des gènes codant pour le récepteur aux androgènes, le récepteur à la vitamine D.
Des causes hormonales au développement des tumeurs prostatiques ont également été recherchées. Le rôle des androgènes dans cette pathologie est connu depuis soixante ans et la privation en testostérone par chirurgie ou par castration médicale est un traitement connu et efficace du cancer de la prostate. L'effet protecteur d'une molécule inhibant la 5-alpha-réductase et permettant ainsi de réduire la concentration de dihydrotestostérone, la finastéride, est en cours de test. Les résultats de cet essai clinique seront publiés d'ici à un an.
Une forte concentration en IGF (Insuline Growth Factor) est, elle aussi, clairement associée à un risque élevé de cancer de la prostate. En revanche, d'autres hormones telles que les estrogènes, l'insuline ou la leptine ne semblent pas avoir de rôle dans la pathogenèse de ce cancer.
Le tabagisme, la consommation d'alcool, la vasectomie et l'activité physique ne sont pas non plus des facteurs associés au risque de cancer de la prostate.
L'impact du régime alimentaire sur l'incidence du cancer de la prostate a été largement étudié. Il est apparu qu'une consommation excessive de calcium (plus de 600 mg par jour) ou d'acide alpha-linolénique est associée à un risque élevé de cancer de la prostate.
La faible incidence de ce cancer en Asie pourrait être expliquée par le régime riche phyto-estrogènes des Asiatiques. Le haricot de soja contient en effet une quantité très importante de phyto-estrogènes, en particulier de flavonoïdes qui montrent un effet prophylactique intéressant sur le cancer de la prostate. Le lycopène contenu dans la tomate, un caroténoïde et un antioxydant potentiel, montre également un effet protecteur significatif et pourrait être utilisé en chimioprévention.
En outre, l'effet protecteur du sélénium et de la vitamine E est actuellement testé dans le cadre d'un essai clinique (« SELECT ») mené en double aveugle sur une cohorte de 32 400 hommes sains. Les résultats de cette étude ne seront disponibles qu'en 2013.
H. Grönberg, « The Lancet » du 8 mars 2003, pp. 859-864.
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