Fruit d'une collaboration entre l'INSERM, les Hospices civils de Lyon et la société Edap-Technomed, le traitement par ultrasons focalisés avec l'appareil Ablatherm est destiné au traitement des cancers localisés de la prostate chez les patients qui ne relèvent pas de la chirurgie radicale du fait de leur âge et/ou de leur maladie associée, ou qui la refusent. Jusqu'à présent, près de 2 000 patients dans le monde et 600 en France ont bénéficié de ce traitement utilisé en routine depuis janvier 2000.
Le traitement par Ablatherm se déroule sous anesthésie locorégionale ou générale. Le patient est placé en décubitus latéral droit et la séance dure entre 1 h 30 et 3 h selon le volume de la glande, qui doit être traitée en entier. Grâce à un système d'échographie endo-rectale, l'opérateur acquiert les coordonnées tridimensionnelles de la prostate dans l'ordinateur de contrôle de la machine, et définit le nombre de tirs qui vont être ensuite réalisés automatiquement par l'appareil. Dans la tête de tir endo-rectale se trouve un transducteur ultrasonore qui émet un faisceau d'ultrasons convergent par impulsion ou tir de cinq secondes. Les ultrasons se concentrent au point focal du transducteur et détruisent les tissus par échauffement (entre 85 et 100°). Chaque tir détruit une lésion élémentaire ellipsoïdale de 24 mm de haut par 2 mm de large. Ainsi, en répétant les tirs, il est possible de traiter l'ensemble de la prostate. L'intervention se termine par la mise en place d'une sonde urinaire qui sera retirée au troisième jour post-opératoire. Le patient s'alimente le soir-même de son intervention et regagne son domicile à J4.
Contrôle : PSA et biopsies
L'efficacité du traitement est assurée par le suivi du PSA et par des biopsies de contrôle. Le taux de succès varie selon la gravité du cancer (stade clinique, PSA, score histologique de Gleason).De plus, le traitement par Ablatherm n'est jamais une impasse thérapeutique. En cas d'échec, un traitement de seconde ligne est possible : une nouvelle séance d'Ablatherm, une radiothérapie externe, voire une chirurgie peuvent être réalisées sans risque particulier. Il s'inscrit parfaitement dans une tendance générale au développement des nouvelles technologies non invasives qui réunissent efficacité du traitement et confort pour le patient. Pour le Pr Guy Valancien (institut mutualiste Montsouris, Paris), « le traitement par Ablatherm permet de contrôler la maladie chez les hommes âgés, au prix d'une technique sans irradiation, qui est répétable en cas de rechute et qui offre un taux de succès de 75 % lors d'un premier traitement et de 85 % lors d'un deuxième traitement ».
Réduction drastique de l'hospitalisation
Qui plus est, la réduction drastique de l'hospitalisation post-traitement répond pleinement aux exigences de maîtrise des coûts de la santé et explique l'intérêt croissant des centres hospitaliers pour cette nouvelle approche thérapeutique.
Ainsi, comme le souligne le Pr Pierre Conort (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris), « simplicité d'utilisation, fiabilité, excellente tolérance post-opératoire font des ultrasons focalisés un traitement alternatif du cancer localisé de la prostate. Les études cliniques prospectives menées dans différents pays permettront de définir prochainement les patients qui bénéficieront le mieux de cette innovation ».
Des patients inclus depuis 1993
Le Dr Albert Gelet (hôpital Edouard-Herriot, Lyon) a réalisé la toute première étude de phase I, ainsi que les deux premières études pilotes sur l'indication de l'Ablatherm dans le cancer localisé de la prostate. A ce titre, ses observations comportent des données long terme sur ses patients inclus depuis 1993. Sa dernière communication au cours du congrès 2001 de l'AFU porte sur 94 patients présentant un cancer localisé de la prostate avec un niveau de PSA inférieur ou égal à 10 ng/ml, non candidats à la chirurgie, et traités avec les prototypes successifs de l'Ablatherm. Une analyse des résultats d'efficacité a été réalisée selon la méthode de Kaplan Meier (courbe de survie), l'événement « progression de la maladie » étant défini par l'identification d'une biopsie positive ou de trois élévations successives du niveau de PSA lors du suivi du patient. Dans cette population, avec un suivi jusqu'à 80 mois, un taux global de survie sans progression de la maladie de 77,5 % a été observé, ce taux s'élevant à 84 % chez les patients présentant un score de Gleason inférieur ou égal à 6, contre 64 % pour les patients avec un score de Gleason supérieur ou égal à 7 (p < 0,05).
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