Plus de 800 traitements déjà effectués à Lyon et 4 000 dans le monde permettent de penser que la technique par ultrasons est révolutionnaire : indolore, peu invasive, renouvelable, elle s'adresse à l'heure actuelle aux patients qui ne relèvent pas de la chirurgie radicale d'un cancer localisé de la prostate, soit en raison de leur âge, soit en raison de maladies associées trop invalidantes.
L'intérêt pour les ultrasons thérapeutiques s'est considérablement accru ces dernières années en raison de leur simplicité d'utilisation et de leur coût réduit. Depuis vingt-cinq ans, une collaboration étroite s'est établie entre l'unité 556 de l'INSERM, à Lyon, spécialisée dans les études sur les ultrasons thérapeutiques, le service d'urologie de l'hôpital Edouard-Herriot et la société française EDAP, spécialisée dans les appareils médicaux de haute technologie. Depuis sa création, cette association, en se spécialisant dans les techniques non invasives, a produit de nombreuses innovations technologiques. L'Ablatherm en fait partie.
Efficace mais non invasive
Sachant qu'un homme sur dix aura un cancer de la prostate au cours de sa vie, et que le dépistage systématique permettra de déceler les tumeurs à un stade de plus en plus précoce et donc parfaitement localisé, il était intéressant de développer une prise en charge thérapeutique de ce cancer, efficace mais non invasive.
L'Ablatherm fonctionne à l'aide d'ultrasons focalisés de haute intensité. Grâce à une sonde introduite dans le rectum du patient, le chirurgien repère par échographie les limites de la prostate et des zones à traiter. Puis, au moyen de tirs ciblés, il émet des ultrasons qui détruisent les tissus cancéreux par échauffement intense. La séance dure de 1 à 3 heures et se fait sous anesthésie locorégionale. Chaque « tir » d'ultrasons crée une élévation brutale de la température (de 80 à 100 °C) et détruit un cylindre de tissu de 20 mm de long sur 2 mm de diamètre.
Guérison sans récidive à 5 ans de 85 %
Outre son efficacité prouvée par le suivi des patients traités à l'hôpital Edouard-Herriot et montrant un taux de guérison sans récidive à cinq ans de 85 %, cette technique ne constitue jamais une impasse thérapeutique. En effet, contrairement à la radiothérapie, la curiethérapie ou la chirurgie, le traitement par ultrasons peut être renouvelé ou même complété par une autre technique.
En l'absence de résultats à très long terme, les urologues ne conseillent l'Ablatherm qu'aux personnes ayant une espérance de vie de dix ans, c'est-à-dire aux plus de 70 ans.
Le suivi est assuré par une biopsie de contrôle et, en cas de négativité, par des dosages réguliers du taux de PSA. Avec ce traitement, les risques d'impuissance et d'incontinence sont moins élevés qu'avec la chirurgie.
Actuellement, il existe en France 4 centres fixes et autant de centres mobiles. Mais les attentes sont longues pour les patients (trois mois en moyenne à Lyon). Avalisée par l'Association française d'urologie et titulaire du marquage CE, cette technique, plus économique que la chirurgie ou la radiothérapie, devrait bientôt être reconnue par la Sécurité sociale.
D'après une conférence de presse organisée lors du 3e Congrès de la Société internationale des ultrasons thérapeutiques, en présence du Pr J.-M. Dubernard et du Dr A. Gelet (service d'urologie, Edouard-Herriot), de M. J.-Y. Chapelon (directeur de l'INSERM 556) et de M. A. Tetard (PDG d'EDAP).
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