De notre correspondant
Les allocations de recherche en cancérologie octroyées pour 2002 par la Ligue du Rhône contre le cancer, d'un montant d'environ 800 000 euros, privilégient les travaux fondamentaux, notamment en biologie cellulaire, génétique et chimie des protéines. Plusieurs des projets soutenus, plus cliniques, sont néanmoins consacrés à l'évaluation de la qualité de vie des patients ou encore à l'étude des comportements et représentations mentales des malades et des médecins. Dans le but d'améliorer la relation médecin-malade.
La Ligue contre le cancer soutient en effet cette année une trentaine de projets de recherche dans la région, présentés pour l'essentiel par les équipes du CHU, du centre anticancéreux régional Léon-Bérard, des laboratoires de recherche de l'Ecole normale supérieure, de l'université Claude-Bernard Lyon-I, de l'INSERM et du CNRS.
Préparé depuis plus d'un an, le travail dirigé par le Pr Alain Brémond (centre anticancéreux Léon-Berard), qui vient de commencer, est original. Pour ce spécialiste du cancer du sein, il s'agit de déterminer ce que mettent patientes et médecins derrière l'expression « décision partagée » concernant les choix thérapeutiques. En liaison avec deux équipes anglo-saxonnes, l'une de Hamilton (Canada), l'autre d'Edimbourg (Ecosse), qui vont effectuer la même démarche, les membres du laboratoire de recherche lyonnais, le GRESAC, qui réunit des médecins, des chirurgiens, des psychologues et des économistes de la santé, vont interroger sur cette notion de décision partagée 200 patientes en cours de traitement ou récemment traitées. Le même type de questionnaire sera simultanément soumis à une cohorte de cancérologues et les chercheurs analyseront les réponses des deux groupes.
Les résultats français seront confrontés aux données canadiennes, pour savoir s'il existe vraiment, comme on le répète en France depuis très longtemps, de profondes différences entre la mentalité anglo-saxonne et la culture française, qui induiraient des comportements différents chez les malades confrontés au cancer et donc à l'éventualité de la mort. « Nous cherchons à vérifier au moins deux de nos intuitions, explique au "Quotidien" le Pr Brémond . La première est que médecins et patientes ne pensent pas du tout à la même chose lorsqu'ils emploient le vocable de "décision partagée" , et que, globalement, la demande de participation des patientes à la prise de décision thérapeutique est plus forte que ce que pensent généralement les médecins. Notre seconde intuition est que les différences culturelles entre la France et les pays anglo-saxons, qui sont traditionnellement mises en avant pour expliquer de supposées différences de comportement des malades face au cancer, ne sont pas très significatives. Et, qu'au fond les malades ont le même comportement des deux côtés de l'Atlantique. »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature