Selon une étude réalisée au centre René-Huguenin (209 cas de 1996 à 1998), les cancers du sein chez la femme âgée de 75 ans et plus représentent 10 % des cancers du sein.
Dans cette tranche d'âge, le diagnostic est beaucoup plus tardif, comme en témoignent les circonstances de découverte du cancer qui sont dans la grande majorité des cas des signes cliniques (tumeur palpable, anomalie et écoulement mamelonnaires). En revanche, les cancers infra-cliniques T0 sont rares et la taille clinique des lésions est élevée (37 mm pour 25 mm dans la population globale des cancers du sein pris en charge au CRH). La mammographie est facile à analyser compte tenu de la faible proportion de « seins denses ». Les anomalies mammographiques sont corrélées au mode de découverte. Ainsi, il s'agit le plus souvent d'opacités, les foyers de microcalcifications isolées étant rares. En revanche, le type d'opacité ou de microcalcification est sans particularités : il s'agit essentiellement d'opacités spiculées/stellaires, de microcalcifications irrégulières/vermiculaires. Les opacités nodulaires représentent 10 % des images.
Mammographie : très grande sensibilité
La sensibilité de la mammographie est excellente ; en effet, si on inclut les images classées comme suspectes dans les vrais positifs, la sensibilité est de 99 %. Dans deux autres études réalisées au centre René-Huguenin chez des femmes de moins de 35 ans ayant un cancer du sein, et sur la population globale, la sensibilité de la mammographie était respectivement de 85 et de 90 %. La mammographie a également permis de poser le diagnostic de huit cancers alors que la clinique était normale. L'échographie a été peu utilisée en raison de l'aspect clinique et mammographique typique de cancer ; néanmoins, elle a été utile dans les seins denses et dans les opacités nodulaires à la mammographie.
Concernant l'aspect anatomopathologique du cancer du sein de la femme âgée, des études récentes de la littérature se dégagent quelques particularités. La taille tumorale est en général plus importante, mais comme pour toutes les tranches de la population, cette taille tend à diminuer depuis dix ans. L'envahissement ganglionnaire est significativement moins fréquent mais uniquement comparé au groupe de femmes de moins de 40 ans.
Cancer canalaire infiltrant
En ce qui concerne le type histologique, le carcinome canalaire infiltrant représente environ 80 % des cancers invasifs observés, ce pourcentage étant assez comparable à celui retrouvé dans les autres tranches d'âge de la population. Le carcinome inflammatoire et le carcinome médullaire seraient plus rares après 70 ans alors que le carcinome colloïde, le carcinome lobulaire infiltrant et le carcinome papillaire seraient plus fréquents (Diab S. et coll., Monfardini S. et coll.). Une étude de Li et coll., publiée dans la revue « Cancer » en juin 2000, montre que le nombre de carcinomes canalaires et lobulaires infiltrants augmente régulièrement depuis 1977. Mais alors que se dessine depuis 1987 un plateau pour les canalaires, les lobulaires continuent leur progression, et ce plus particulièrement chez les femmes de plus de 50 ans. Enfin, les carcinomes canalaires in situ sont plus rares que chez les femmes jeunes, mais leur pourcentage augmente comme dans le reste de la population. La fréquence des grades I est plus élevée chez les femmes âgées mais la différence n'est significative que lorsque cette fréquence est comparée au groupe de moins de 40 ans (20 % contre 13 %). Quant aux récepteurs aux estrogènes, ils sont en général plus élevés chez les femmes âgées que chez les femmes jeunes.
Enfin, chez les femmes de plus de 70 ans, il y aurait moins de tumeurs avec une phase S élevée. Il en serait de même pour le MIB1. Cela pourrait expliquer l'évolution relativement lente du cancer du sein de la femme âgée. Quant à la mutation P53, elle serait un peu moins fréquente après 70 ans, mais surtout en comparant avec les femmes de moins de 40 ans.
D'après les communications de J. Berlie, D. Stevens, P. Cherel, C. Pallud, G. Albrand, lors de la 15e Journée du centre René-Huguenin.
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