La revue « Nature Genetics », en avril, annonçait la découverte du variant CHEK2 par un consortium international. Il commence à être bien connu que deux gènes, par leur mutation, prédisposent au cancer du sein (et de l'ovaire) : BRCA1 et BRCA2 (pour BReast CAncer). Ils ne sont toutefois responsables que d'un petite partie des atteintes mammaires. Aussi le Dr Nazneen Rahman (Surrey, Royaume-Uni) et les trois groupes qu'il coordonne dans un consortium international ont conduit une étude de liaison génétique couvrant tout le génome dans une vaste famille atteinte mais non porteuse des gènes BRCA1 ou BRCA2.
Un gène appelé CHEK2
Les chercheurs ont trouvé une liaison entre le cancer et un segment du chromosome 22q. Il existe sur ce segment un gène qui code pour une enzyme, dite « kinase de checkpoint ». Cette enzyme est mise en action lorsque l'ADN est altéré, afin d'arrêter temporairement le cycle cellulaire avant la division, pour permettre la réparation de l'ADN. Ce gène est appelé CHEK2, pour checkpoint kinase 2. Les chercheurs savaient ce gène impliqué dans les cancers (dont celui du sein) survenant chez les sujets atteints du syndrome de Li-Fraumeni, une affection héréditaire qui prédispose aux cancers.
En recherchant le gène CHEK2 dans diverses populations atteintes ou indemnes de cancer du sein, ils l'ont trouvé chez 1 % des sujets tout-venant, mais chez 5 % des personnes appartenant à des familles à cancer du sein, indemnes des gènes BRCA1 ou 2.
CHEK2 serait responsable de 1 % des cancers du sein de la femme et de 9 % de ceux de l'homme. Il multiplierait le risque par 2 chez la femme et par 10 chez l'homme.
La cytoponction au moindre doute
« La palpation d'un nodule par le médecin à l'occasion d'une visite de routine chez une femme de moins de 35 ans ne doit pas être banalisée, il faut rassurer la patiente en demandant une mammographie », mettait en garde le Dr Marc Espié (hôpital Saint-Louis, Paris) à l'occasion d'Eurocancer, au début de juin. Ce nodule n'est pas obligatoirement un adénofibrome. De 1 000 à 1 500 cancers du sein sont diagnostiqués en France, annuellement, chez des femmes de moins de 35 ans.
« Le diagnostic n'est pas toujours facile, poursuivait-il, car la mammographie est souvent moins sensible chez les femmes jeunes, dont les seins sont riches en glandes. Par conséquent, la cytoponction est fondamentale, au moindre doute clinique et même si la mammographie est normale, surtout en présence d'antécédents familiaux de cancer du sein ».
Le bilan découvre la plupart du temps un adénocarcinome canalaire infiltrant. Le type lobulaire infiltrant ne représente que 10 % des lésions, quel que soit l'âge de la femme. Chez ces femmes jeunes, la lésion est un peu plus agressive, il y a moins de formes canalaires in situ et un peu plus de grade III. Le pronostic est moins bon que plus tard dans la vie. La survie à 10 ans est de 69 %, contre plus de 71 % après 40 ans. Si l'on fixe le seuil à 30 ans, la survie est de 10 à 20 % plus courte en deçà de cet âge.
Deux indications pour Xeloda
Au mois de mars, « Le Quotidien » annonçait une extension d'AMM imminente pour capécitabine (Xeloda, laboratoires Roche) dans deux nouvelles indications : en monothérapie, après échec d'une chimiothérapie à haute dose ; en association avec le docétaxel (Taxotère, laboratoires Aventis) après échec d'un traitement par anthracyclines, dans le cancer du sein métastatique. La molécule était déjà commercialisée dans le traitement du cancer colo-rectal avancé.
L'originalité de la capécitabine réside dans son mode d'action. C'est une prodrogue, absorbée par le tube digestif et métabolisée au niveau du foie en 5-FU, grâce à la thymidine phosphorylase, enzyme surexprimée dans les cellules cancéreuses. La posologie en est simple : 3 comprimés par jour en cure de deux semaines suivies d'une semaine de repos.
Une étude menée auprès de 163 femmes en échec après une lourde chimiothérapie a confirmé l'activité antitumorale, avec une régression de la croissance de la tumeur dans deux tiers des cas. Les douleurs ont diminué, il n'a pas été noté d'alopécie, la neutropénie est restée modérée.
Deux mois plus tard, en juin, un travail international publié dans le « Journal of Clinical Oncology » (2) montrait que Xeloda associé a Taxotère (docétaxel) fait mieux que ce dernier tout seul dans le cancer dus sein métastatique. Un gain de survie de trois mois a été constaté.
Des études sont en cours visant à démontrer l'efficacité de Xeloda en monothérapie à des stades plus précoces de l'affection.
(1) Meijers-Heijboer H et coll. « Nature Genetics » 2002 ;31 :55-9 ;
(2) O'shaughnessy J, et cool. « Journal of Clinical Oncology », 2002 ;20 :2812-23.
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