Le cancer du sein est de loin le cancer le plus fréquent chez les femmes des pays occidentaux. Chaque année, plus de 180 000 nouveaux cas sont diagnostiqués aux Etats-Unis et près de 240 000 en Europe.
En dépit des progrès importants réalisés en termes de diagnostic et de thérapeutique, elles seront plus de 45 000 aux Etats-Unis et près de 100 000 en Europe à en mourir, en majorité à la suite de l'extension métastatique de la maladie. Au moment du diagnostic, 10 % des cancers du sein ont dépassé le stade des ganglions lymphatiques et sont déjà disséminés, atteignant l'os et/ou les poumons et/ou le foie ; il peut alors s'agir soit d'une tumeur d'évolution très rapide, soit d'une tumeur mammaire qui n'a pas été détectée précocement.
La survie moyenne des femmes atteintes d'un cancer métastatique est de l'ordre de deux ans ; 16 % seulement survivent plus de 5 ans (1).
L'objectif du traitement des cancers du sein métastatiques est d'abord de soulager les symptômes et de prolonger la survie, en prenant également en compte d'autres éléments importants : la prévention des complications, l'amélioration de la qualité de vie, une survie sans progression de la maladie et un traitement entraînant le moins d'effets secondaires possible.
La recherche de facteurs pronostiques
Une analyse rétrospective des résultats de six études menées de 1994 à 2001 chez 640 patientes atteintes d'un cancer du sein métastatique a été entreprise par le Pr Pier Franco Conte (St Chiara University Hospital, Pise, Italie) et son équipe pour identifier les facteurs pronostiques (âge, ménopause, récepteurs hormonaux, état ganglionnaire, type de chimiothérapie adjuvante, survie sans rechute, site métastatique principal) chez les femmes traitées en première intention par une chimiothérapie avant et après l'introduction du paclitaxel.
« Cette étude fait état des résultats thérapeutiques avant et après la commercialisation du paclitaxel. Les six études prises en compte dans l'analyse ont été conduites par les mêmes investigateurs au centre hospitalier universitaire de St Chiara (Pise, Italie), sur une période de dix-huit ans, qui a commencé en 1983 avec le recrutement des premières patientes. L'analyse rétrospective qui s'est ensuivie a donc permis d'utiliser des critères d'inclusion comparables et les mêmes critères d'évaluation : les taux de réponse, la survie sans progression de la maladie et la survie globale », explique le Pr Pier Franco Conte.
Dans ce travail, 73 % des patientes étaient âgées de moins de 60 ans, 73 % étaient ménopausées, près de la moitié n'avaient pas reçu de chimiothérapie, 64 % avaient une atteinte viscérale prédominante, la survie sans rechute était inférieure à trois ans.
Au total, 349 femmes recrutées entre 1983 et 1994 ont reçu l'association 5 fluoro-uracile - épirubicine - cyclophosphamide (FEC) ; 291 femmes recrutées de 1995 à 2001 ont reçu l'association épirubicine-paclitaxel en première ligne de traitement.
L'analyse multivariée des données collectées a mis en évidence chez ces 291 femmes un taux de réponse de 66 %, un taux de réponse complète de 16 %, une réduction de 31 % du risque de décès (hazard ratio = 0,69, p < 0,003) et de 33 % du risque de progression de la maladie (hazard ratio = 0,67, p < 0,0001).
Ces résultats étaient supérieurs à ceux obtenus chez les 349 patientes qui avaient reçu le FEC (taux de réponse 50 %, taux de réponse 15 %).
La survie médiane
La survie médiane des patientes traitées par l'association épirubicine-paclitaxel était de vingt-quatre mois, comparée à dix-huit mois avec le FEC. L'association épirubicine-Taxol a donc permis de gagner six mois de survie par rapport à celle obtenue avec le FEC.
« Ces résultats hautement significatifs en termes de survie doivent incontestablement nous conduire à choisir le paclitaxel comme traitement de première intention pour les femmes atteintes d'un cancer du sein métastatique », conclut le Pr Pier Franco Conte.
(1) American Cancer Society.
Nice. ESMO (European Society for Medical Oncology) 2002. Conférence de presse organisée par le Laboratoire Bristol-Myers-Squibb division oncologie Europe
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