L A mammographie rencontre des limites dans le diagnostic précoce du cancer du sein. On cherche donc de nouvelles méthodes de détection précoce.
Il se trouve que, dans le cancer du sein, trois gènes peuvent avoir une expression réduite du fait d'une hyperméthylation de séquences promotrices : les gènes Cyclin D2, RAR-ß et Twist. L'équipe de Saraswati Sukumar (Johns Hopkins University School of Medicine, Baltimore) a montré que l'incidence cumulative de la méthylation (recherchée par PCR : MSP pour Methylation-Specific PCR) de ces trois gènes est de 48 sur 50 cancers du sein (96 %) et de 8 sur 14 carcinomes canalaires in situ (57 %), ce qui montre que la spécificité et la sensibilité de la MSP sont bonnes et soulève la possibilité d'une utilisation de ce test pour la détection de cellules cancéreuses sur des liquides biologiques.
Etant donné que la plupart des cancers du sein prennent naissance au niveau de l'épithélium des galactophores, des cellules atypiques ou malignes peuvent être trouvées dans le liquide canalaire.
L'équipe de Sukumar a utilisé deux techniques pour collecter ce liquide : l'endoscopie opératoire (ROBE pour Routine Operative Breast Endoscopy) et le lavage des galactophores. La ROBE permet de visualiser des modifications de l'épithélium des canaux galactophores et de recueillir le liquide d'irrigation par un cathéter.
L'épithélium des canaux galactophores
Le lavage, qui se fait par un microcathéter, permet de collecter des cellules épithéliales de l'ensemble de l'arbre canalaire. Il consiste à introduire, dans les orifices, un microcathéter flexible et à irriguer avec 20 ml de solution saline, ce qui permet de recueillir des cellules des canaux et des lobules.
Pour ce qui est de la ROBE, l'équipe américaine l'a effectuée immédiatement avant chirurgie chez 37 femmes ayant un cancer du sein prouvé par la biopsie. Des allèles hyperméthylés ont été retrouvés pour au moins un des trois marqueurs dans 17 produits d'irrigation sur 20 ; en revanche, le tissu mammaire sain était non méthylé.
Pour ce qui est du lavage canalaire, les auteurs l'ont pratiqué chez des femmes ayant un examen clinique normal, une mammographie normale, mais qui étaient à haut risque de cancer du sein (antécédent de cancer du sein controlatéral, présence de mutations des gènes BRCA1 ou BRCA2). Ils ont ainsi obtenu 56 échantillons de produit de lavage. Ceux-ci ont été analysés, d'une part, par cytologie et, d'autre part, par MSP. Avec l'étude cytologique, 50 échantillons étaient classés comme bénins ou avec modifications mineures et 6 étaient considérés comme atypiques, avec modifications substantielles, ou franchement malignes. Parmi ces 6 cas, 4 ont été identifiés par MSP (sensibilité de 67 %), alors que, à titre comparatif, seulement 5 des cas bénins étaient positifs (spécificité de 89 %). Par la suite, un cancer a été histologiquement confirmé chez deux des femmes ayant à la fois des anomalies cytologiques et un test MSP positif dans le lavage canalaire ; une troisième patiente est en cours d'explorations complémentaires.
« Ces cas indiquent le potentiel prometteur de la méthode basée sur la MSP pour la détection précoce d'un cancer du sein, avant l'apparition de signes mammographiques », soulignent les auteurs. « La MSP a confirmé les résultats cytologiques qui ont conduit au diagnostic de cancer du sein chez deux femmes. Combinée à l'évaluation cytologique, la MSP du lavage canalaire pourrait représenter un ajout utile à la mammographie dans le diagnostic précoce du cancer du sein », concluent-ils.
« Lancet » du 28 avril 2001, pp. 1335-1336 (lettre).
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