R EGULIEREMENT, aux Etats-Unis comme en Europe, les experts en oncologie se réunissent afin d'actualiser les recommandations sur le traitement du cancer du sein. Ainsi, en moins de six mois, on a assisté à trois réunions de grande envergure - le consensus du NIH aux Etats-Unis, la métaanalyse d'Oxford et, en février 2001, la réunion européenne de Saint-Gallen -, qui ont abouti à des conclusions quasi similaires.
Les experts ont rappelé que la radiothérapie doit être pratiquée chez toutes les femmes ayant subi une chirurgie conservatrice et chez celles qui présente un envahissement ganglionnaire axillaire important après mastectomie. Ils ont aussi insisté sur l'importance de la prescription, pour une durée minimale de cinq ans, de tamoxifène chez les patientes exprimant des récepteurs hormonaux au niveau de leur tumeur. Enfin, ils ont insisté sur l'intérêt de la chimiothérapie - et en particulier de celle contenant une prescription d'anthracycline - utilisée comme traitement adjuvant.
La métaanalyse d'Oxford a permis de prouver l'utilité de la chimiothérapie dans la prise en charge précoce du cancer du sein en la comparant à l'absence de traitement : les taux annuels de rechute et de décès diminuent en effet significativement avec un bénéfice qui persiste plus de quinze ans après la mise en route du traitement.
La métaanalyse d'Oxford
Cette métaanalyse a également démontré que les protocoles de chimiothérapie incluant une anthracycline (doxorubicine ou épirubicine) présentent un avantage sur une polychimiothérapie n'en contenant pas. Le consensus du NIH a ajouté que les associations de deux, voire trois médicaments, et en particulier si elles comportent une anthracycline, sont plus efficaces que la monothérapie. Cependant, les résultats peuvent différer selon que l'anthracycline est prescrite dans un protocole de deux agents sur quatre cycles (4AC = doxorubicine +cyclophosphamide, traitement standard américain) ou en association avec deux autres médicaments (cyclophosphamide + 5FU) dans le cadre des protocoles européens ou canadiens (6FEC ou 6FAC).
Quant aux taxanes, dans ces cancers du sein au stade précoce, leur utilisation en traitement adjuvant n'est pas indiquée en dehors d'essais cliniques, précise le Pr Pierre Fumoleau (centre René-Gauducheau, Nantes).
Envahissement ganglionnaire
« Le consensus de Saint-Gallen a aussi précisé la prise en charge des patientes avec envahissement ganglionnaire. Les experts ont retenu qu'il n'existe pas de distinction de risque en fonction du nombre de ganglions envahis (trois ou plus) », ajoute le Pr Moïse Namer (centre Antoine-Lacassagne, Nice). Si le dosage des récepteurs hormonaux est négatif, une chimiothérapie contenant des anthracyclines doit être entreprise. Dans le cas où les récepteurs sont positifs et en préménopause, le traitement doit comprendre une castration ovarienne, une prescription de tamoxifène pendant au moins cinq ans et une chimiothérapie. « En postménopause, le traitement devrait associer une chimiothérapie et du tamoxifène. Dans cette indication, de nouvelles substances comme les inhibiteurs de l'aromatase paraissent très prometteuses », ajoute le Pr Namias.
Une conférence de presse organisée par les Laboratoires Pharmacia.
L'appréciation du risque pronostique
Les experts du consensus de Saint-Gallen ont individualisé deux groupes pronostiques. Le premier réunit moins de 10 % du total des patientes diagnostiquées (âgées de moins de 35 ans) avec un cancer du sein sans envahissement ganglionnaire, et correspond aux patientes à très faible risque (tumeur de moins d'un centimètre, RH + et grade histologique favorable), chez qui les médecins peuvent discuter soit une abstention thérapeutique, soit un traitement par tamoxifène. Le second groupe est représenté par l'ensemble des autres patientes qui doivent désormais recevoir un traitement adjuvant systématique, soit une hormonothérapie, soit une chimiothérapie contenant une anthracycline, soit les deux en association selon la présence ou non de récepteurs hormonaux.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature