De notre correspondante
à New York
« Notre étude suggère que les patientes atteintes d'un cancer du sein hormonosensible pourraient être mieux prises en charge avec un traitement endocrinien de première intention, seul ou associé à la chimiothérapie », déclare au « Quotidien » le Pr Aman Buzdar (University of Texas M. D. Anderson Cancer Center, Houston), qui a dirigé l'étude présentée à San Antonio* (Etats-Unis). Il ajoute que des études randomisées sont nécessaires pour déterminer quel est le meilleur traitement pour ces patientes.
Chez les femmes qui ont une tumeur invasive du sein supérieure à 1 cm, il est recommandé un traitement systémique adjuvant, par chimiothérapie et/ou tamoxifène, avant ou après traitement local, afin de réduire les récurrences systémiques et la mortalité.
Deux tiers des cancers sont positifs
Les cellules mammaires, on le sait, contiennent des récepteurs aux hormones féminines (estrogènes et progestérone), lesquels permettent au tissu mammaire de se développer ou de se modifier en réponse aux fluctuations d'hormones.
Deux tiers des cancers du sein expriment des taux élevés de récepteurs aux estrogènes et sont dits positifs pour le récepteur estrogénique (RE+). Ces tumeurs RE-positives ont tendance à grandir moins agressivement que les tumeurs RE-négatives et sont donc de meilleur pronostic.
Les tumeurs RE-positives ont aussi de fortes chances de répondre aux thérapies hormonales qui suppriment l'action stimulante des estrogènes sur le tissu mammaire, comme le tamoxifène.
On ne sait pas bien, en revanche, comment le statut du récepteur estrogénique influence la réponse à la chimiothérapie. La réponse clinique s'est montrée indépendante du statut du récepteur hormonal.
Buzdar et coll. ont examiné si la réponse histopathologique complète à la chimiothérapie est liée au statut du récepteur hormonal.
Le taux de réponse pathologique complète
Ils ont conduit une analyse rétrospective chez 1 018 patientes traitées par chimiothérapie néoadjuvante et traitement chirurgical. Le statut du récepteur aux estrogènes était connu chez ces patientes.
Ils ont examiné le taux de réponse pathologique complète (absence de cancer invasif dans le sein ou dans les ganglions lymphatiques) en fonction du statut du récepteur aux estrogènes.
Les résultats sont nets : plus de 20 % des patientes avec un cancer du sein RE-négatif ont une réponse pathologique complète, comparé à seulement 5 % des patientes avec un cancer du sein RE-positif.
« Quel que soit le type de chimiothérapie utilisé, le bénéfice observé est supérieur chez les patientes qui ont un cancer RE-négatif, souligne le Dr Buzdar. Même si un nombre important de patientes avec une tumeur RE-positive présentent une régression de leur tumeur, le nombre de réponses pathologiques complètes n'est pas le même », ajoute-t-il.
« Les cancers RE-négatifs sont moins bien différenciés et tendent à être plus sensibles aux agents de chimiothérapie, tandis que les cancers RE-positifs sont différenciés et tendent à être moins sensibles à la chimiothérapie », explique-t-il.
« Ces résultats confirment ce que l'on soupçonnait. Les patientes avec un cancer du sein RE-positif pourraient avoir une meilleure chance de répondre aux thérapies endocriniennes mais le rôle de la chimiothérapie dans ce groupe de patientes doit être mieux défini, poursuit-il. A l'avenir, nous serons peut-être capables de savoir quelles patientes doivent recevoir la chimiothérapie, quelles patientes doivent recevoir les traitements endocriniens et lesquelles pourraient bénéficier des deux traitements. »
* Congrès sur le cancer du sein à San Antonio.
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