Développée depuis près d'une dizaine d'années, la technique de la biopsie du ganglion sentinelle effectuée chez des patientes souffrant d'un cancer du sein de petite taille donne des résultats très encourageants à moyen terme. Afin d'inclure de façon définitive cette technique dans les recommandations internationales en matière de prise en charge des cancers du sein, il était nécessaire de disposer d'une étude statistiquement rigoureuse évaluant l'efficacité et la sécurité de cette technique. C'est ce qu'a entrepris une équipe de chirurgiens milanais, qui a randomisé, entre mars 1998 et décembre 1999, 516 femmes atteintes de tumeurs de moins de 2 cm pour l'une des deux techniques suivantes : réalisation d'une détection du ganglion sentinelle suivie soit de façon systématique par un curage axillaire total, soit de façon individualisée par ce même geste, si l'examen peropératoire montrait la présence d'une micrométastase.
L'incidence des micrométastases
« Dans les deux groupes, l'incidence des micrométastases dans les ganglions sentinelles s'est révélée similaire : 32,3 % (soit 83 patientes sur 257) dans le premier des deux groupes et 35,5 % (soit 92 patientes sur 259) dans le groupe ganglion sentinelle », analyse le Dr Umberto Veronesi. Les auteurs ont ensuite comparé les résultats histologiques obtenus en peropératoire dans le groupe des femmes ayant subi à la fois la recherche du ganglion sentinelle et le curage axillaire systématique. Ils en concluent que la méthode du ganglion sentinelle est dotée d'une sensibilité de 91,2 % et d'une spécificité de 100 %.
L'ensemble des patientes ont été suivies pendant en moyenne quarante-six mois. Le suivi clinique et paraclinique a permis de détecter 34 événements cliniques notables chez l'ensemble de ces patientes (21 dans le premier des groupes et 13 dans le second) ; 25 de ces événements (15 dans le groupe curage et 10 dans le groupe ganglion sentinelle) étaient directement en rapport avec la pathologie néoplasique - récurrence cancéreuse, cancer controlatéral, métastase à distance. La différence d'incidence entre ces deux groupes n'est pas significative en raison du faible nombre des cas recensés.
Amélioration du confort
L'analyse des effets indésirables locaux et régionaux à six et vingt-quatre mois permet de mettre en exergue l'amélioration très notable du confort des patientes ayant subi une intervention par la technique du ganglion sentinelle, par rapport à celles traitées plus classiquement : si 9 % des femmes traitées par la technique de référence ne se plaignaient d'aucune douleur, elles étaient 84 % dans le groupe ganglion sentinelle. L'incidence des paresthésies locales était elle aussi moindre dans le second groupe (85 % à six mois contre 2 %), ainsi que celle des troubles de la circulation lymphatique. Enfin, les capacités motrices du bras se sont, elles aussi, révélées supérieures dans le second groupe.
Pour les auteurs, « ce travail confirme que la méthode du ganglion sentinelle est sûre et peut être utilisée en routine chez les femmes atteintes de cancers du sein de petite taille ».
« New England Journal of Medicine », vo. 349 (6), pp. 546-553, 7 août 2003.
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