De notre envoyé spécial à Prague
D E nombreuses études sont actuellement menées de par le monde en vue de préciser l'apport du paclitaxel (Taxol®) dans le traitement du cancer mammaire métastasé, tant en première et seconde intentions qu'en traitement de sauvetage. Le rôle potentiel de ce taxane est également évalué à titres adjuvant et néo-adjuvant.
L'objectif de ces essais est, en outre, d'optimiser l'utilisation du paclitaxel dans le cadre d'associations chimiothérapiques, de façon à renforcer l'efficacité du traitement tout en limitant au maximum ses effets toxiques.
Une amélioration significative de la survie
Le Pr Jacek Jassem (Gdansk, Pologne) a présenté les résultats d'un essai clinique international de phase III mené chez 267 femmes atteintes d'un cancer du sein métastasé, qui montre que, dans cette population de patientes, l'administration de paclitaxel en traitement de première ligne, en association avec la doxorubicine, améliore significativement tant la survie globale que le délai avant progression du processus tumoral.
Les patientes ont été randomisées en deux groupes qui ont été respectivement traités par l'association DP (50 mg/m2 de doxorubicine puis, 24 heures plus tard, 220 mg/m2 de paclitaxel ; n = 134) ou l'association FAC (500 mg/m2 de 5-fluorouracile, 50 mg/m2 de doxorubicine, 500 mg/m2 de cyclophosphamide ; n = 133) toutes les trois semaines à raison de huit cures. Les patientes présentaient toutes une maladie mesurable et un indice fonctionnel compris entre 0 et 2.
Le taux global de réponses a atteint 68 % chez les femmes traitées par l'association DP, contre seulement 55 % dans le groupe FAC (p =<\!p>0,032). Surtout, dans le groupe DP, la survie globale a été supérieure de 25 % à celle du groupe FAC (23,3 versus 18,3 mois ; p = 0,013) le délai médian avant progression de la maladie ayant été, lui aussi, significativement amélioré (8,3 versus 6,2 mois ; p = 0,034).
Les deux protocoles ont été globalement bien tolérés. Des neutropénies de grade 3 ou 4 ont été observées chez, respectivement, 89 % des patientes du groupe DP et 65 % de celles du groupe FAC, mais l'incidence des infections et des syndromes fébriles a été faible et comparable dans les deux groupes. Il en a été de même des manifestations de cardiotoxicité, malgré les fortes doses totales de doxorubicine administrées.
Commentant ces résultats, le Pr Jassem a indiqué : « Cette étude est la première à créditer l'administration d'un taxane en association avec une anthracycline d'un avantage significatif sur la survie, par rapport au schéma thérapeutique conventionnel. Cela justifie pleinement l'utilisation de cette association en traitement de première ligne du cancer mammaire métastasé. »
Une approche nouvelle du traitement néo-adjuvant
Un étude multicentrique a été menée en France et en Belgique pour comparer les effets de l'association DP selon qu'elle était administrée à raison de 4 ou 6 cures à titre de traitement néo-adjuvant chez 232 femmes atteintes de cancers mammaires de stades II-IIIa précédemment non traités.
Commentant les résultats de cet essai, le Pr Pierre Fumoleau (Nantes, France) a indiqué que, dans le groupe ayant reçu 6 cures de DP au lieu de 4, il avait été noté une amélioration significative des taux de réponses complètes anatomo-pathologiques et cliniques ainsi que du pourcentage de femmes ayant pu bénéficier d'une chirurgie conservatrice, cela sans augmentation notable de la toxicité.
Raccourcir l'intervalle entre les cures
La durée d'exposition au traitement joue un rôle important dans l'activité cytotoxique du paclitaxel, d'où l'utilisation de protocoles fondés sur des perfusions d'une durée de 96 heures. Néanmoins, compte tenu de l'inconfort majeur occasionné aux patientes par cette approche, certaines équipes ont tenté d'accroître l'exposition cumulée, non pas en augmentant la dose-intensité, mais en raccourcissant l'intervalle entre les cures.
Le Dr Christian Jackisch (Münster, Allemagne) a ainsi présenté les premiers résultats obtenus par plusieurs centres européens ayant évalué un protocole d'administration hebdomadaire. Six à huit perfusions de 80-90 mg/m2 de paclitaxel sont administrées chaque semaine sur une période d'une heure, suivies d'une période de repos de deux semaines.
Cette stratégie engendre un taux de réponse de l'ordre de 50 % et un taux de rémission compris entre 21 et 63 %. Elle se révèle bien tolérée par les patientes et permet, en outre, de réduire la dose de corticoïdes administrée en prémédication pour prévenir les réactions allergiques au paclitaxel. Au vu de ces résultats favorables, certains n'hésitent pas à considérer que, ainsi utilisé, le Taxol constitue un nouveau médicament.
Ve symposium paneuropéen de cancérologie organisé à Prague (République tchèque) par Bristol-Myers Squibb, sous la présidence des Prs J. Carmichael (Nottingham, Royaume-Uni) et J. Baselga (Barcelone, Espagne).
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