« Dans un contexte d’inégalités d’accès aux soins des patients atteints de cancer, mener des études s’avère crucial pour mieux apréhender ces différences », insiste Fadila Farsi, coordinatrice, Réseau Espace Santé Cancer Rhône-Alpes
Dans le cancer du poumon, les défis s’avéraient pertinents: une incidence élevée, un diagnostic relativement tardif, un accès à des plateformes diagnostic et à des traitements efficaces. C’est pourquoi le « Programme territoires onco, santé publique et cancer du poumon » a été mené. Présenté aux Rencontres de la cancérologie française 2016, ce protocole d’étude nationale avait pour objectif d’étudier la prise en charge du cancer du poumon en France, en particulier à l’hôpital. Un comité de pilotage régional multidisciplinaire a permis d’analyser les résultats de l’étude.
Selon Hervé Lemasson, directeur associé développement accès au marché et partenariats chez Bristol-Myers Squibb, « cette étude a été réalisée sur la base de l’exploitation de données extraites de la base PMSI, qui répertorie l’ensemble des séjours hospitaliers des patients traités pour un cancer du poumon, aussi bien dans le champ de la médecine chirurgie obstétrique qu’en hospitalisation à domicile et soins de suites et réadaptation ».
L’utilisation des données PMSI croisées avec les statistiques Insee
Pour mener à bien ce travail, les diagnostics principal et associé, cotés C34, ont été utilisés. Seuls les patients atteints de cancer du poumon incidents, à savoir hospitalisés pour la première fois, devaient être retenus dans l’étude, en vue d’étudier la totalité de leur parcours de prise en charge. Ainsi, 41 715 patients, scindés en deux sous-groupes (métastatiques et non métastatiques) ont été suivis durant deux ans, entre 2011-2013.
L’originalité de cette approche : croiser les données PMSI avec des statistiques externes comme celles de l’Insee (rurale, urbaine, indice de défaveur sociale). Les patients ont ainsi pu être classés selon leur commune de résidence (rurale ou urbaine) ou leur zone de défaveur sociale (en fonction de critères tels le taux de chômage, le niveau d’étude, le revenu moyen…). Il s’agissait de déterminer si, en fonction des caractéristiques de résidence du patient, son mode de prise en charge variait sur le territoire national. Une trentaine d’indicateurs ont finalement pu être dégagés : épidémiologiques, de traitements et de prise en charge et enfin, de parcours de soin.
Une meilleure connaissance de la prise en charge en Auvergne-Rhône Alpes
Pour les patients atteints de cancer du poumon, les résultats de cette étude ont permis d’établir une comparaison entre les régions (comme l’Auvergne-Rhône-Alpes) et le reste de la France, tant qu’en matière de temps de parcours, de taux de survie, de lieu de prise en charge (essentiellement les établissements hospitaliers publics CH et CHU), de concentration des soins (en Auvergne) ou non (Rhône-Alpes), de prise en charge en proximité avec le lieu de vie naturelle…
Sur le plan national, le taux de passage par les urgences a montré des variations, en fonction de la commune de résidence du patient (rurale ou urbaine), le parcours de soin étant influencé par la ruralité et l’offre de soin. Ces deux années de suivi ont également montré qu’un patient sur 4 était réhospitalisé dans ce laps de temps, avec une entrée aux urgences, dans toutes les régions. Autre résultat : plus la résidence d’un patient était éloignée des zones urbaines, plus le risque d’être diagnostiqué à un stade métastatique devenait élevé. A l’aune des différents résultats par région, les professionnels et les autorités de santé ont pu apporter des modifications à l’organisation territoire. « Si le PMSI n’est pas facilement exploitable, il s’avère néanmoins riche d’enseignements pour l’analyse de l’accès aux soins pour des pathologies essentiellement hospitalières », souligne Fadila Farsi. Toutefois ces résultats ne peuvent qu’être analysés qu’en connaissant bien les territoires.
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