L'utilisation du scanner, en particulier le scanner spiralé, a été proposée pour la détection précoce du cancer pulmonaire. Les images obtenues permettent en effet, de détecter les petits cancers non visibles sur une radiographie standard. Les médecins qui le proposent s'appuient sur l'hypothèse selon laquelle les lésions de petite taille seraient le plus souvent des tumeurs de stade 1, à faible potentiel métastatique. Ils espèrent ainsi, grâce à une détection précoce, réduire la mortalité par cancer du poumon.
Dans le journal « Cancer » du 13 décembre 2001, des chercheurs du l'université de Duke (Caroline du Nord) mettent en garde contre une telle utilisation : « Il est peut-être rassurant de croire qu'il existe un seuil au-dessous duquel le risque d'avoir une tumeur métastasée est minime et que l'imagerie du cancer peut réduire la mortalité, mais aucune donnée ne permet de l'affirmer. » Ils ajoutent : « Notre étude montre que la taille seule ne peut déterminer ni le potentiel évolutif, ni le stade du cancer. »
Pas de seuil critique
En effet, en étudiant la distribution du stade des tumeurs en fonction de leur taille, chez 620 hommes et femmes atteints d'un cancer primitif du poumon, autre que celui à petites cellules, dont la taille était comprise entre 1 et 3 cm, les chercheurs ont observé des stades avancés, même pour des petits cancers. Ces patients, indépendamment de la taille de leur tumeur au moment de la détection, s'ils avaient 80 à 85 % de chance d'avoir un cancer au stade I (sans métastase), avaient aussi 10 % de risque d'avoir un stade IV (avec métastase).
« Aujourd'hui, il n'y a aucune preuve clinique ou expérimentale pour affirmer que le seuil critique à partir duquel il y aurait des métastases serait représenté par des lésions entre 5 ou 10 millimètres, lesquelles peuvent être détectées grâce à la définition spatiale que permet le scanner, plutôt que 1 ou 3 cm qui est celle de la radiographie à rayons X. Les relations entre la taille des tumeurs, leur potentiel métastatique et l'évolution naturelle de la maladie sont encore à explorer. »
« Cancer » du 13 décembre 2001.
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