De notre envoyée spéciale
à Chicago
Au cours de la séance plénière de l'ASCO, le Dr Thierry Le Chevalier (institut Gustave-Roussy, France) a présenté les résultats d'une étude internationale qui va permettre un changement des pratiques de prise en charge du cancer pulmonaire non à petites cellules (CPNPC). L'étude démontre pour la première fois le bénéfice d'une chimiothérapie adjuvante après chirurgie d'exérèse, ce qui était soupçonné sur les données d'une métaanalyse (amélioration de 5 % de la survie à cinq ans). L'IALT (International Adjuvant Lung cancer Trial) est une grande étude randomisée, prospective, menée dans 33 pays, qui a été mise sur pied pour évaluer l'intérêt d'une chimiothérapie après une chirurgie d'exérèse.
Sauver un patient de plus sur vingt
Entre 1995 et 1998, 3 300 patients ont été randomisés, la moitié d'entre eux recevant une chimiothérapie composée de cisplatine (associé à de l'étoposide ou de la vinorelbine ou de la vinblastine ou de la vindésine) et l'autre moitié constituant un groupe contrôle. Une radiothérapie était éventuellement donnée, selon les indications.
Le suivi a été de cinquante-six mois et l'analyse a porté sur 1 867 patients (moyenne d'âge de 59 ans).
Le bénéfice significatif de la chimiothérapie adjuvante est mesuré cinq ans après le traitement : le taux de survie dans le groupe ayant eu la chimiothérapie est de 44,1 % contre 40 % dans le groupe ayant eu la chirurgie seule (p < 0,03), le temps médian de survie sans maladie est de 39,4 mois versus 34,3 mois (p < 0,003). La toxicité létale n'est que de 0,8 %.
Le bénéfice absolu en terme de durée de vie est de 4,1 % et de durée de vie sans maladie de 5,1 %, ce qui est « suffisant pour recommander l'usage d'une chimiothérapie après la chirurgie », insiste le Dr Le Chevalier, qui a calculé que cet usage permettrait d'empêcher 7 000 décès chaque année en sauvant un patient supplémentaire sur 20. Quatre-vingts pour cent des 1,2 million de cancers pulmonaires diagnostiqués chaque année sont des CPNPC et 30 % d'entre ces derniers sont résécables.
Un autre résultat, présenté par Cathy Albain (Philadelphie), plaide en faveur d'une prise en charge combinant plusieurs mesures thérapeutiques dans le CPNPC.
Ganglions médiastinaux
Le travail mené dans des cas où la tumeur a diffusé aux ganglions médiastinaux (stade IIIAN2) montre un bénéfice en ajoutant une résection chirurgicale au traitement habituel qui associe une chimiothérapie (cisplatine et étoposide) et une radiothérapie. Trois ans après, 29 % des patients ayant reçu les trois thérapeutiques sont en vie sans récidive, contre 19 % dans le groupe n'ayant eu que la chimiothérapie et l'irradiation. La médiane de survie est allongée de vingt-deux mois avec cette meilleure option thérapeutique.
Chicago. Congrès de l'American Society of Clinical Oncology.
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