Selon un travail italien publié dans le «Lancet », l'usage combiné chez des gros fumeurs du scanner spiralé et de la PET pourrait permettre de détecter précocement un cancer du poumon.
« Cherchons fumeurs ou anciens fumeurs de 50 ans et plus, ayant un tabagisme d'au moins vingt paquets-années, indemnes de maladie maligne, pour participer à une étude sur le diagnostic précoce du cancer du poumon » : tel est le message, diffusé dans les journaux et à la télévision en Lombardie, qui a permis aux Italiens Ugo Pastorino et coll. de recruter 1 035 sujets pour leur étude publiée dans le « Lancet » du 23 août. Objectif : évaluer l'efficacité d'un scanner spiralé annuel et de l'usage sélectif de la PET (tomographie à émission de positrons) pour ce diagnostic précoce.
Décès : 1,3 million chaque année
Il faut dire que les chiffres sont là : en Europe, la survie à cinq ans dans le cancer du poumon est de 10 % ; ce cancer est, au monde, le plus mortel des cancers, avec 1,3 millions de décès chaque année. Le diagnostic tardif d'une maladie étendue est la principale cause de l'échec du traitement. Or, en cas de résection tumorale à un stade précoce, la survie à long terme atteint 80 %.
Dans le travail italien, les 1 035 volontaires devaient passer un scanner spiralé à faible dose chaque année pendant cinq ans, afin de détecter les petits nodules pulmonaires. Les auteurs constituaient un algorithme diagnostique, incluant la PET, cela afin de classer les nodules en : plus sûrement bénin ou plus sûrement malin. Les lésions de moins de 5 mm étaient considérées a priori comme non suspectes et le scanner spiralé était répété comme prévu au bout d'un an.
Les auteurs rapportent une prévalence de 1,1 % (11 cancers diagnostiqués au premier scanner spiralé) et une incidence de 1,1 % (11 cancers diagnostiqués au 2e scanner, au bout de douze mois).
Tous les cancers étaient des cancers non à petites cellules ; 6 des 11 cas prévalents étaient au stade IA ; 10 des 11 cas incidents étaient au stade IA et 1 était au stade IB.
Par rapport aux études antérieures avec le scanner spiralé seul, ce travail italien comporte l'avantage d'avoir inclus la PET dans l'algorithme diagnostique. Ainsi, au lieu du délai de vingt quatre mois nécessaire pour le diagnostic avec le scanner seul, le délai n'était, dans le présent travail italien, que de 314 jours maximum par rapport à la ligne de base et de 215 jours lors du suivi annuel.
Des limites
Toutefois, cette approche a ses limites puisque 6 des 11 cancers incidents étaient présents dès l'inclusion dans l'étude mais n'ont été détectés que dans le suivi.
Dans un éditorial, Stefan Diederich (Düsseldorf, Allemagne) indique que des données complémentaires sont nécessaires pour établir un algorithme idéal. Des essais randomisés, ajoute-t-il, sont en cours pour voir si le scanner à faible dose peut, en fait, réduire la mortalité par cancer du poumon.
«Lancet » du 23 août 2003, pp. 593-597 et 588-589.
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