L A technique de la chimiothérapie locale par ifosfamide est la suivante : des cellules allogéniques génétiquement modifiées pour exprimer le cytochrome P450 sont encapsulées dans des billes de sulfate de cellulose, puis délivrées dans la vascularisation tumorale par angiographie suprasélective. Au contact de la tumeur, les cellules libérées de leurs microbilles activent l'ifosfamide, agent antimitotique administré par voie générale.
L'équipe de gastro-entérologie de Rostock, en Allemagne, a évalué ce traitement chez 14 patients porteurs d'un adénocarcinome pancréatique de stade III-IV, inopérable, qui n'avaient jamais reçu de chimiothérapie, ni eu un geste chirurgical préalable. Les résultats ont été comparés à un groupe de 36 témoins au même stade de la maladie, pris en charge par chirurgie et/ou chimiothérapie palliative (gemcitabine) et/ou drainage biliaire.
Le premier jour, 300 microbilles ont été ensemencées via l'artère pancréatoduodénale inférieure, la pancréatique dorsale ou les branches supérieures de la gastro-duodénale. Un spasme vasculaire transitoire a fait suite à l'instillation sans autre événement notoire (pancréatite, hépatite, allergie...) dans la majorité des cas. Deux jours plus tard, des perfusions d'ifosfamide (1 g/m2 de surface corporelle) ont été administrées pendant trois jours consécutifs, suivies de perfusions d'entretien au 23e et 25e jour.
Absence d'évolution tumorale à vingt semaines
A vingt semaines, l'aspect angiographique des vaisseaux cibles montrait des modifications mineures (réduction de diamètre). Deux patients avaient néanmoins une occlusion totale, dont une en rapport avec une compression tumorale. L'amylasémie était majorée chez certains patients, du fait de la croissance tumorale, et sans rapport avec le geste angiographique. Seule une augmentation de la lipasémie au 15e jour après l'instillation a pu être corrélée à la technique d'injection.
La taille de la tumeur, suivie par imagerie, n'a pas augmenté durant les vingt semaines de suivi. Deux patients ont présenté une réponse partielle caractérisée par une réduction de 50 % du volume tumoral à la fin de l'étude et deux une réponse mineure (réduction de 25 à 50 %). Les patients traités par cette technique avaient une médiane de survie supérieure aux sujets contrôles (dix mois vs cinq mois). « Dans cet essai de phase I/II, les patients ont obtenu de meilleurs résultats qu'avec la gemcitabine, explique le rapporteur de l'étude dans le « Lancet ». Certes, les patients traités et les témoins pouvaient être différents en matière de gravité, mais une différence de 25 % du taux de survie ne peut pas uniquement résulter d'un biais.Le même résultat a été obtenu chez l'animal par injection directe, intratumorale des cellules encapsulées, ce qui écarte l'hypothèse d'un effet en rapport avec la voie angiographique et le blocage partiel des vaisseaux. »
Matthias Löhr et coll, « The Lancet », vol. 357, 19 mai 2001.
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