De notre correspondante
à New York
« Etant donné la nature superagressive de cette tumeur, le seul espoir de traitement curatif réside dans la possibilité d'identifier le stade préinvasif. Notre recherche identifie une signature protéique qui peut être un marqueur du stade le plus précoce de cette tumeur et pourrait même être utile pour identifier des cibles thérapeutiques dans le cancer du pancréas », déclare dans un communiqué le Dr David Tuveson (Abramson Family Cancer Research Center, University of Pennsylvania) qui a dirigé ces travaux.
Survie à cinq ans inférieure à 5 %
Le cancer du pancréas est la cinquième cause de mortalité par cancer aux Etats-Unis. L'adénocarcinome canalaire, qui représente 95 % des cas, est de sombre pronostic, avec une survie à cinq ans qui est inférieure à 5 %. La survie moyenne des patients est de quatre à six mois, en partie parce que le cancer du pancréas ne se manifeste généralement qu'au stade tardif et qu'il résiste à la chimioradiothérapie. De plus, même s'il est découvert suffisamment tôt pour permettre une résection complète, la survie a long terme est extrêmement rare, ce qui suggère que ce cancer métastase au tout début du stade invasif.
« Il n'existe actuellement aucun test qui permette de détecter le cancer du pancréas suffisamment tôt pour tenter un traitement curatif, et il n'existe aucun test pour identifier le stade prémalin », souligne le Dr Tuveson.
Afin de mieux comprendre comment le cancer du pancréas se développe, Hingorani, Tuveson et coll. ont examiné le rôle des mutations du proto-oncogène K-RAS chez la souris. Ces mutations du gène K-RAS sont trouvées dans 90 % des cancers canalaires invasifs du pancréas, et pourraient représenter un événement à l'origine du processus tumoral.
Une version mutante de l'oncogène K-RAS
Ils ont modifié génétiquement des souris afin qu'elles expriment une version mutante de l'oncogène K-RAS dans les cellules progénitrices du pancréas.
Ces souris se révèlent être le premier modèle fidèle de tous les stades du cancer canalaire du pancréas. Elles développent une néoplasie intraépithéliale pancréatique similaire à celle de l'homme, et les lésions canalaires progressent histologiquement de façon concomitante avec l'activation de certaines voies de signal normalement quiescentes. A faible fréquence, ces lésions progressent aussi spontanément vers l'adénocarcinome invasif et métastatique, avec les mêmes sites de dissémination que chez l'homme.
Ce modèle confirme que la néoplasie intraépithéliale pancréatique est bien un stade précurseur du cancer invasif, soulignent les chercheurs.
Enfin, une découverte de taille, les souris affectées du cancer préinvasif ont une signature protéique identifiable dans le serum, ce qui suggère la possibilité de détecter le stade préinvasif chez les patients.
Trois objectifs
« Nos prochains objectifs sont les suivants », confie au « Quotidien » le Dr Tuveson :
« 1) identifier les principaux peptides dans le sérum des souris atteintes de néoplasie intraépithéliale pancréatique et voir s'ils sont présents dans le sérum des personnes ayant un haut risque de développer un cancer du pancréas ;
« 2) évaluer des thérapies existantes et nouvelles dans ce modèle de cancer du pancréas précoce ;
« 3) découvrir les voies qui sont importantes pour la transition du stade préinvasif au stade invasif du cancer du pancréas. »
« Cancer Cell », 10 décembre 2003.
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