Le cancer du pancréas figure dans le « top ten » (dix premiers) des causes de décès par cancer. Il doit occuper le 9e rang, provoquant, par exemple, 6 500 morts chaque année en Grande-Bretagne.
Au mieux, 10 % des cancers pancréatiques sont résécables. Et, même après résection, la médiane de survie est de douze à dix-huit mois et pas plus de 10 à 20 % des patients réséqués sont encore en vie à cinq ans.
Si, dans des mains expertes, la mortalité opératoire est voisine de zéro, elle est de l'ordre de 5 % dans des unités spécialisées et de 10 % dans des centres qui en opèrent moins.
Chez les patients inopérables, les options sont limitées à la radiothérapie, la chimiothérapie ou à la combinaison des deux.
Certes, un petit essai a montré une amélioration modeste dans la médiane de survie du cancer pancréatique localement avancé avec la combinaison radiothérapie externe et chimiothérapie (la survie à un an passe de 19 à 41 %), mais la morbidité a été élevée et d'autres essais n'ont pas confirmé le bénéfice observé.
Globalement, un pronostic mauvais
En fait, globalement, le pronostic à long terme de ce cancer est mauvais, avec un taux de survie à un an est d'environ 10 %. En l'absence de métastases, la médiane de survie est de 6 à 10 mois ; en cas de métastases, elle est de 3 à 6 mois. On le voit : un nouveau traitement peu invasif, capable de détruire localement le cancer avec une faible morbidité, pourrait avoir une place dans le traitement de cette maladie. C'est dire tout l'intérêt de l'essai de thérapie photodynamique, publié dans « Gut » par une équipe britannique (S. G. Bown et coll.).
La thérapie photodynamique (traitement par la lumière après administration d'un agent photosensibilisant), on le sait, est capable de provoquer une nécrose tissulaire locale. Pour l'instant, la plupart des travaux ont porté sur des lésions siégeant soit au niveau de la paroi d'organes creux, soit au niveau de la peau. Mais on s'est penché sur l'intérêt de cette technique pour les lésions d'organes solides comme le pancréas. Avant d'entreprendre des études cliniques, il était indispensable de voir comment la thérapie photodynamique est tolérée par des structures nobles de voisinage (estomac, duodénum, arbre biliaire, vaisseaux sanguins majeurs). Sans entrer dans les détails, des travaux chez l'animal ont donné des résultats encourageants. Dès lors, l'équipe de Bown a estimé qu'il était justifié de mettre en place une étude clinique pilote.
Cet essai de phase 1 a porté sur 16 patients ayant un cancer du pancréas localement avancé et jugés inopérables. L'objectif était d'évaluer la faisabilité, l'efficacité et la sécurité de la thérapie photodynamique, l'agent photosensibilisant choisi étant le mTHPC (meso-tetrahydroxyphenyl chlorin).
Ces patients (10 hommes et 6 femmes, âgés de 46 à 77 ans) avaient un adénocarcinome de la tête du pancréas, d'un diamètre de 2,5 à 6 cm. Tous avaient un ictère rétentionnel ; les principaux symptômes associés étaient une perte de poids (11), des douleurs abdominales (6), un diabète (4). A signaler également : douleurs épigastriques, léthargie, stéatorrhée et anorexie.
Dans un premier temps, les patients recevaient le mTHPC (0,15 mg/kg) par voie I.V. Trois jours plus tard, la lumière était délivrée au contact du cancer par voie percutanée, sous contrôle scanographique. Trois patients ont eu en plus une chimiothérapie.
Morbidité acceptable
Les résultats sont schématiquement les suivants :
- tous les patients ont eu une nécrose tumorale substantielle (scanner) après traitement) ;
- 14 sur 16 ont pu quitter l'hôpital dans les dix jours ; même si tous ont dû être réhospitalisés au moins une fois, le séjour à domicile avec la famille s'est bien passé ;
- tous les patients ont présenté des douleurs abdominales après la procédure, la plupart nécessitant le recours aux opiacés ;
- deux patients, dont le cancer englobait l'artère gastro-duodénale, ont eu un saignement digestif significatif, qui a été contrôlé sans chirurgie ;
- trois patients ont développé une obstruction duodénale, qui est peut être liée au traitement ;
- il n'y a pas eu de décès lié au traitement ;
- la médiane de survie après photothérapie dynamique a été de 9,5 mois (de 4 à 30) ;
- de 7 de 16 patients (44 %) étaient encore en vie un an après le traitement.
« La thérapie photodynamique peut provoquer une nécrose des cancers pancréatiques avec une morbidité acceptable, même si une attention est nécessaire pour les tumeurs qui envahissent la paroi duodénale ou qui englobent l'artère gastro-duodénale. Des travaux complémentaires sont nécessaires pour évaluer son influence sur le cours de la maladie, seule ou en combinaison avec la radiochimiothérapie », concluent les auteurs.
« Gut », 2002 ; 50 : 549-557.
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