Les femmes en surpoids et qui mènent une vie sédentaire devraient désormais réduire leur consommation d'aliments riches en amidon, tels que pomme de terre, riz ou pain blanc. Elles abaisseraient ainsi leur risque de cancer du pancréas. Ce conseil achève un travail américian paru dans le « Journal of the National Cancer Institute ». Jusqu'à présent, seul le tabac avait fait la preuve de sa nocivité dans l'affection.
L'étude menée auprès des quelque 89 000 infirmières de la Nurse Health Study suggère qu'un excès d'insuline peut favoriser la survenue de ce cancer. Il s'agit, ici, d'un argument de plus en faveur d'une hypothèse déjà formulée, impliquant l'insulinorésistance. Et qui repose sur des travaux in vitro ainsi que sur des études chez l'homme.
Charles Fuchs et coll. (Dana Farber Institute, Harvard) sont partis du raisonnement suivant : si l'insuline favorise le développement du cancer du pancréas, dès lors les aliments entraînant la production de grandes quantités d'insuline devraient être associés à une fréquence plus élevée de la maladie. Ils se sont donc tournés vers les nutriments riches en glucose. Ils ont analysé les données sur l'alimentation des infirmières de la cohorte américaine. Ils se sont particulièrement attachés à leur consommation de sucrose (tel que le sucre des bonbons), de fructose (sucre des jus de fruits et du miel) ainsi que d'hydrates de carbone. Ils se sont également intéressés à l'index glycémique des aliments consommés. En se souvenant que les aliments riches en amidon ont les index les plus hauts.
Un risque 2,5 fois plus élevé
En croisant les différentes données, les investigateurs se sont aperçus que, en cas de glycémie au-delà de la normale, les femmes significativement en surpoids et sédentaires avaient un risque 2,5 fois plus élevé de cancer pancréatique que les normoglycémiques. Il en va de même chez celles à la glycémie et l'insulinémie déjà élevées. En revanche, cette hyperglycémie n'occasionnait pas le même risque chez les femmes minces et actives.
Une analyse des taux de cancer du pancréas parmi toutes les femmes de la cohorte montre que celles à la charge glycémique élevée avaient un risque de déclarer un cancer pancréatique majoré de 53 %. Le risque était augmenté de 57 % chez les grandes consommatrices de fructose. Toutefois, les auteurs relèvent qu'aucun des chiffres enregistrés n'atteint le seuil de la significativité statistique, en raison du trop faible nombre de cancers dans ces sous-groupes.
Les médecins américains concluent sur une supposition. Bien que leur travail n'implique que des femmes, il n'y a aucune raison pour que la même cause n'entraîne pas le même effet dans la population masculine.
« Journal of the National Cancer Institute », 4 septembre 2002.
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