E N 1998, un rapport de la FIGO (International Federation of Gynaecological Oncology) avait montré que, entre 1990 et 1992, dans les pays développés, près de 80 % des cancers invasifs du col avaient été traités par radiothérapie externe. A la même époque, des études cliniques avaient évalué l'intérêt d'un traitement par chimiothérapie associée à une radiothérapie chez ces patientes.
Le choix de la molécule cytotoxique s'était porté sur le cisplatine, le médicament le plus efficace en cas de cancer du col métastasé. En outre, cette molécule est dotée in vitro d'un effet sensibilisant à la radiothérapie, qui pourrait être lié à une inhibition des réparations cellulaires potentiellement létales ou à une majoration de la radiosensibilité des cellules hypoxiques.
Survie,progression et toxicité
L'analyse de ces données a conduit en 1999 le National Cancer Institute américain à recommander l'utilisation de traitement combiné - radio- et chimiothérapie - pour toutes les femmes atteintes de cancer du col de l'utérus non in situ.
Afin de préciser les effets d'un traitement combiné par radio- et chimiothérapie sur la survie globale et la survie sans rechute, sur la progression locale et à distance, ainsi que sur la toxicité immédiate et à long terme, une équipe de statisticiens britanniques a procédé à une métaanalyse systématique (selon le principe de la Cochrane Collaboration) de tous les essais randomisés contrôlés effectuées entre 1981 et 2000 (17 études publiées et 2 non publiées).
Au total, ces essais ont inclus 4 580 patientes et l'analyse statistique a été effectuée sur près de 3 000 femmes. « Le traitement combiné améliore statistiquement la survie globale (p < 0,0001 soit 12 %), que le choix du médicament cytotoxique se soit porté sur le cisplatine (p < 0,0001) ou non (p = 0,20) », expliquent les auteurs. Un bénéfice clinique plus grand a été noté dans les essais incluant une proportion élevée de patientes atteintes de cancer à un stade I ou II.
Diminution du taux de récidives
« Une majoration du temps de survie sans rechutes a aussi été constatée chez les patientes sous traitement combiné (p < 0,0001 soit 16 %) », ajoute le Dr John Green (Liverpool). La chimiothérapie suivie de radiothérapie a enfin permis une diminution du taux de récidives locales (p < 0,0001) et à distance (p < 0,0001). Pour les auteurs, « ce résultat pourrait être lié au fait que les médicaments cytotoxiques utilisés dans les protocoles agiraient comme des agents cytotoxiques systémiques en synergie avec les radiations délivrées localement et à distance ».
Partant du fait qu'un traitement par radiothérapie et chimiothérapie concomitantes peut se révéler toxique immédiatement ou à distance, les auteurs se sont, dans un second temps, intéressés aux effets secondaires du traitement anticancéreux. Par rapport au traitement unique, les traitements combinés ont entraîné plus de toxicité hématologique (grade 3 ou 4) et plus de signes de toxicité gastro-intestinale. « En, revanche, les données dont nous disposons sont insuffisantes pour se prononcer sur une éventuelle toxicité à long terme du traitement combiné », concluent les auteurs.
« The Lancet », vol. 358, pp. 781-786, 8 septembre 2001.
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