Une étude, publiée dans le « Lancet », évalue pour la première fois le rôle respectif de la multiparité et de l'infection à papillomavirus (HPV) dans la survenue du cancer du col. En effet, ces deux facteurs de risque sont connus. Compte tenu du fait qu'un pourcentage de femmes infectées par le virus ne développe pas la maladie, l'hypothèse d'un cofacteur nécessaire au déclenchement du processus cancéreux a été émise. La multiparité pourrait être ce cofacteur, mais jusqu'ici toutes les études qui ont mesuré l'influence du nombre de grossesses sur l'incidence du cancer du col ont négligé l'effet de l'infection à HPV.
Le travail de Nubia Muñoz et coll. présente l'originalité de n'analyser les données que de patientes HPV positives. Il s'est appuyé sur dix études cas-témoins réalisées sur quatre continents (Afrique, Amérique du Sud, Asie, Espagne) à risque de cancers utérins élevé ou intermédiaire. Huit études concernaient des carcinomes cervicaux invasifs (CCI), deux autres des carcinomes in situ (CIS). Au total, les données de 1 800 patientes ont été recueillies : 1 465 avaient un CCI squameux, 211 un ISC, 124 un adénocarcinome ou ICC adénosquameux, 255 témoins.
« Nous avons trouvé une association significative entre le nombre de grossesses à terme et le carcinome invasif squameux, l'odds ratio étant de 3,8 pour les femmes qui ont eu plus de 7 grossesses et de 2,3 pour un ou deux enfants. » Cette association n'a pas été retrouvée pour les autres types de cancer. Mais dans les cas de l'adénocarcinome et du cancer adénosquameux, les auteurs invitent à une interprétation prudente, car ces résultats ont été obtenus sur un nombre trois fois moins élevé de cas que ceux du cancer squameux.
Par ailleurs, l'étude n'apporte pas d'élément en faveur de l'élévation du risque de cancer du col avec la précocité de la grossesse.
En revanche, chez les multipares qui ont été sous contraceptifs oraux pendant au moins cinq ans, le risque est accru. Malgré leur petit effectif dans la population de l'étude, ces femmes avaient douze fois plus de risque d'avoir un ICC squameux.
Les résultats de cette étude pourraient expliquer la baisse observée de la fréquence et de la mortalité par cancer du col dans les pays développés et en voie de développement. Elle correspond, en effet, à la baisse du nombre de la natalité dans ces régions.
Lancet, vol. 359, 30 mars 2002, pp. 1 093-1 101.
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