LA HAUTE AUTORITÉ, qui a évalué différentes stratégies, souligne que le dépistage, individuel et spontané « a atteint ses limites ». Principalement réalisé par les gynécologues, le dépistage actuel ne permet d’atteindre qu’un taux de couverture de 57 % depuis 6 ans, alors que la loi de santé publique fixe un objectif de 80 %. De plus, de fortes disparités sont observées, géographiques, liées à la répartition des gynécologues sur le territoire, mais aussi sociales, les femmes appartenant à un ménage modeste étant 2 fois plus nombreuses à ne jamais avoir eu de frottis. « En définitive, plus de 50 % des femmes ne sont pas ou trop peu souvent dépistées, quand 40 % le sont trop souvent », résume la HAS.
Il s’agit de « passer à la vitesse supérieure » et, au-delà des 6 millions de frottis effectués chaque année, même si le dépistage individuel reste « un socle essentiel sur lequel il convient de s’appuyer », souligne la Haute Autorité. Le dépistage organisé devra donc s’appuyer sur les acteurs actuels du dépistage (gynécologues, médecins généralistes, sages-femmes, anatomocytopathologistes et biologistes) et nécessitera une forte implication du médecin traitant, qui devra inciter systématiquement toutes ses patientes à réaliser un frottis. Pour lutter contre les inégalités, la HAS suggère d’adresser un courrier personnalisé aux femmes de la population cible qui n’auraient pas été dépistées dans les 3 années précédentes. « Une réflexion sur la suppression des avances de frais ou la gratuité des tests de dépistage pour les femmes les plus modestes » est également préconisée. La HAS insiste aussi sur la nécessité de mettre en place une démarche rigoureuse d’assurance qualité des frottis sur tout le territoire.
Vaccinées et non vaccinées.
La HAS rappelle enfin que le dépistage et la vaccination se complètent. « La vaccination ne doit pas conduire à relâcher l’effort de dépistage », insistent les recommandations. À ce stade, le dépistage est recommandé à toutes les femmes, vaccinées ou non, la vaccination ne protége que de 70 % des cancers de l’utérus. De plus, les résultats à long terme de l’efficacité des vaccins sur le nombre de cancers ne sont pas encore connus.
Le cancer du col de l’utérus touche chaque année en France 3 000 nouvelles femmes et en tue plus de 1 000. Le dépistage organisé devrait concerner 17,5 millions de femmes. C’est un cancer d’évolution lente, « dont on peut changer l’histoire », a relevé Dominique Maraninchi, président de l’Institut national du cancer (INCa). Le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus est déjà expérimenté dans 13 départements. La HAS estime que le surcoût pour l’Assurance-maladie serait de 20 millions d’euros, une somme couverte à termes par des économies liées notamment à la baisse des surdépistages.
Quotimed.com, le 15/11/2010
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