« Penser qu'une femme atteinte d'un cancer ovarien et traitée par hystérectomie totale avec ablation des ovaires et chimiothérapie puisse souffrir de conséquences psychosexuelles à moyen et à long terme est tout à fait sensé », explique le Dr Maxine Stead (psycho-oncologue à l'hôpital de Brighton, Royaume-Uni). En effet, des études ont montré que, dans les suites du diagnostic et du traitement d'autres cancers gynécologiques, l'activité sexuelle des femmes est affectée et que l'information et la communication des soignants sur ce sujet restent très limitées.
L'équipe du Dr Stead a mis en place une étude auprès de 15 femmes atteintes de cancer de l'ovaire (âge moyen de 56 ans, interrogées en moyenne 18 mois après le diagnostic) et chez certains de leurs soignants (43 médecins et infirmières). Les investigateurs leur ont fait parvenir une grille d'items et ils ont procédé à des séances de questions-réponses enregistrées en présence de psychologues. Les questions avaient trait à la sexualité pré- et postdiagnostic, au degré de satisfaction de la vie sexuelle et à l'importance de l'activité sexuelle dans la vie quotidienne.
Des facteurs aggravants psychologiques
« La majorité des femmes interrogées rapportait une baisse du désir sexuel liée à une peur de la réactivation de la maladie et à des problèmes relationnels de couple (crainte de se voir rejetée physiquement) », rapporte le Dr Stead. Dans les couples les plus enclins à la communication sur ce sujet et chez les femmes les plus informées, la baisse de l'activité sexuelle était moindre. En outre, une majorité de femmes signalait que des problèmes physiques (dyspareunies, sécheresse vaginale) tendaient à limiter la fréquence de leurs rapports sexuels et étaient vécus comme des facteurs aggravants psychologiques. Enfin, chez les femmes non ménopausées au moment du diagnostic, la perte de leur fertilité apparaissait comme un facteur aggravant.
« La majorité des femmes estimait que les professionnels de santé auraient dû leur apporter une information plus spécifique et détaillée sur le sujet de la sexualité. Par exemple, au cours de leur prise en charge carcinologique, aucune des 15 patientes n'avait reçu d'informations écrites qu'elle aurait éventuellement pu faire partager à son conjoint », soulignent les auteurs. Chez les soignants, l'attitude vis-à-vis de la vie sexuelle des patientes est ambiguë : s'ils reconnaissent qu'une information serait nécessaire, seulement 25 % des médecins et 19 % des infirmières abordent le sujet avec les malades.
Pour les auteurs, « seul un effort de formation des professionnels de santé peut permettre une meilleure prise en charge psychologique de ces femmes et représenter la première étape d'un dialogue indispensable à l'épanouissement sexuel ».
BMJ, vol. 323, pp. 836-837, 13 octobre 2001.
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