D ANS l'analyse des divers facteurs pouvant être impliqués dans la survenue d'un cancer prostatique, la latitude a déjà été évoquée. Un effet protecteur semblant apparaître au fur et à mesure que l'exposition solaire, en fait au rayonnement ultraviolet, augmente.
Une équipe britannique (Christopher J. Luscombe et coll., North Staffordshire Hospital, Staffordshire) vient de confirmer ce qui n'était jusqu'à présent qu'une hypothèse. Elle y adjoint une précision non négligeable. Non seulement le rayonnement ultraviolet réduit la fréquence du cancer de la prostate mais, lorsqu'il survient, son apparition est retardée dans la vie.
Les Britanniques sont partis de l'analyse de 210 patients tous atteints de l'affection. Ils ont choisi comme témoins 155 sujets porteurs d'un adénome prostatique. L'enrôlement s'est effectué d'octobre 1999 à mai 2000 sur les critères suivants : certitude histologique de cancer ou toucher rectal positif, métastases osseuses au scanner, PSA >30 ng/ml. Puis un autoquestionnaire validé a été proposé. Deux types d'exposition ont pu être déterminés : chronique ou occasionnelle.
Dans la première situation, il apparaît que la fréquence du cancer diminue quand le nombre global de semaines d'exposition solaire augmente. Chez les sujets subdivisés en quartiles d'exposition, l'odds ratio passe de 3,03 pour les moins exposés à 1 pour le quartile supérieur. En revanche, avoir vécu plus de 6 mois dans un pays ensoleillé n'apporte aucun effet bénéfique. Les auteurs expliquent cette contradiction par le fait que tous étaient militaires et qu'il n'est pas de bon ton d'être bronzé dans l'armée !
Une relation effet-dose
Quant à l'exposition occasionnelle (les auteurs disent aiguë), les érythèmes solaires de l'enfance, les vacances au soleil et les séances de bronzage démontrent un remarquable effet préventif. Avec une relation effet-dose. En cas de coups de soleil, nombreux dans l'enfance, le risque est évalué à 0,64. En revanche, le phototype (type de peau, couleur des yeux et des cheveux) n'a pas d'influence.
Une autre analyse des données a été menée visant à établir une relation entre l'âge au moment du diagnostic et l'exposition cumulée aux UV. Le cancer a été dépisté, en moyenne, à 67,7 ans chez les sujets à moindre exposition cumulée (quartile inférieur) et à 72,1 ans pour les trois autres quartiles.
Quand on découvre de tels résultats, une question vient à l'esprit. Les auteurs y répondent par avance : les porteurs d'un cancer cutané (hors mélanome) n'ont-ils pas moins de cancers prostatiques ? De fait, une étude a mis en évidence une moindre fréquence de la tumeur chez les porteurs d'un carcinome basocellulaire. Mais d'autres travaux en ont montré davantage chez ceux atteints de carcinome spinocellulaire. Des résultats discordants qui montrent notre pauvre compréhension des relations entre ces deux affections et les UV, déplorent les auteurs.
Quant à une explication, rien n'est clair. Peut-être la concentration de certaines substances sanguines est elle modifiée provoquant une mise en sommeil de la tumeur. La durée de l'exposition solaire pourrait ainsi expliquer pourquoi les tumeurs subcliniques sont plus fréquences chez les sujets âgés que les formes aiguës. Même si les facteurs impliqués ne sont pas connus, il est admis que la vitamine D et la parathormone jouent un rôle dans le développement du cancer prostatique. Pourtant, dans une étude en attente de publication, les auteurs ne mettent pas en évidence d'association entre un polymorphisme du récepteur de la vitamine D (génotypes Fak 1 et Taq 1) et le risque de tumeur prostatique.
« The Lancet » vol. 358, 25 août 2001, p. 641-642.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature