O N l'a compris, tout l'objet de cette technique est de disposer d'une chimiothérapie qui ne soit active que dans les cellules tumorales, donc très bien tolérée par le patient.
Le CB1954 [5-(aziridin-1-yl)-2,4-dinitrobenzamide], donc est une prodrogue ; c'est un substrat pour une enzyme bactérienne, la nitroréductase, qui le convertit en un puissant agent alkylant. Le CB1954 est donc une prodrogue candidate pour les protocoles dits VDEPT (Virus-Directed Enzyme Prodrug Therapy).
L'an dernier, dans les « Annals of Oncology » (2000 ; 11 : 133), l'équipe de Guy Chung-Faye (Institute of Cancer Studies, Birmingham) a publié les résultats d'un essai de phase I (tolérance) avec le CB1954, chez 30 patients âgés de 23 à 78 ans, qui ont reçu le produit soit en bolus I.V., soit en bolus intrapéritonéal (I.P.) suivi d'injections I.V. Ces patients avaient un cancer colo-rectal (13), un cancer de l'estomac (4), un cancer sophagien (3), un mésothéliome (3) ou un autre cancer (ovaires, pancréas, indéterminé).
Bonne tolérance
Sans entrer dans les détails, que ce soit par voie I.V. ou I.P., le CB1954 a été bien toléré (pas d'alopécie, pas de myélosuppression, pas de néphrotoxicité), avec cependant un seuil de toxicité hépatique et gastro-intestinale limitant les doses. Toutefois, les doses tolérées sont considérées comme efficaces. Lors de cette publication, l'équipe annonçait la mise en route d'un essai de phase I dans les tumeurs hépatiques primitives et secondaires, associant CB1954 I. V. et adénovirus délivrant la nitroréductase.
Trente patients ayant une récidive cancéreuse
C'est précisément cette association qui fait l'objet de l'essai de Birmingham dans le cancer prostatique chez 30 patients. Cet essai, dirigé par Nick James, comporte deux phases. La première, qui vient de commencer, consiste à administrer le virus génétiquement modifié (exprimant le gène de la nitroréductase) à des patients deux jours avant qu'ils ne soient opérés de leur prostate. Les glandes enlevées seront alors examinées afin de déterminer la dose optimale de virus à administrer.
La deuxième phase portera chez des hommes ayant une récidive cancéreuse. La nitroréductase délivrée par le virus modifié devrait transformer le CB1954 en chimiothérapie active.
Cet essai est le fruit d'une collaboration entre le Cancer Research Campaign et Cobra Therapeutics. En cas de succès, les essais seront poursuivis dans d'autres centres britanniques, ainsi qu'en France et aux Pays-bas.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature