« L 'application du dosage du PSA (Prostate-Specific Androgen) au dépistage du cancer de la prostate des hommes dans des groupes d'âge à risque conduit logiquement à une augmentation significative de l'incidence du cancer de la prostate, le diagnostic étant porté à un stade plus précoce. La survie globale est allongée grâce à une augmentation du temps de rémission qui va de six à dix ans », a précisé le Pr Schröder. Ainsi, aux Etats-Unis, grâce aux politiques de dépistage menées par l'American Cancer Society et l'American Urology Association, le dépistage est effectué chez plus de 60 % de la population masculine à risque. En revanche, dans la plupart des pays européens, une attitude plus réservée est adoptée jusqu'à présent car le bénéfice global d'un tel dépistage en termes de baisse de la mortalité par cancer prostatique et d'amélioration de la qualité de vie n'est pas encore formellement prouvé.
La valeur des tests de dépistage
A l'heure actuelle, si l'on dose le PSA chez 100 hommes âgés de 55 à 69 ans, 10 % environ auront un taux de PSA suspect (> 3 ng/ml) et sur ces 10 %, de 2 à 4 % auront des biopsies positives, donc un diagnostic de cancer. Pour autant, ce dépistage précoce n'est pas synonyme de réduction de la mortalité puisque d'autres causes de décès peuvent intervenir, dans la mesure où l'évolution naturelle du cancer de la prostate se fait sur plusieurs années.
L'évaluation du bien-fondé du dépistage systématique est donc urgente, grâce à des études qui ne devront pas se contenter de relier le dépistage à la mortalité par cancer prostatique, mais aussi évaluer de manière prospective la qualité de vie et la valeur des tests de dépistage.
En attendant, plusieurs attitudes peuvent être adoptées selon les pays :
- mener une action de dépistage de masse, tout en sachant que le bénéfice d'un tel dépistage dans le cadre d'un programme et d'un protocole définis, et dirigé vers l'ensemble de la population, n'est pas établi en Europe ;
- accepter un dépistage « opportuniste » : dans ce cas, l'action de détection précoce se pratique, au cas pas cas, à l'initiative du médecin ou à la demande d'un patient lors d'une consultation ; en 2000, l'AFU et un certain nombre d'experts internationaux ont nettement pris position en faveur de la pratique de ce type de détection précoce (voir encadré) ;
- compléter les études en cours ; dans cette optique, l'étude randomisée européenne pour le dépistage du cancer de la prostate (ERSPC) a recruté presque 200 000 hommes. L'AFU a inclus la France dans cette étude, en organisant un dépistage auprès des habitants du département du Tarn. Les résultats de cette étude européenne sont attendus d'ici à 2008. Si l'ERSPC ne montre pas de différence de mortalité par cancer de la prostate entre les deux groupes, l'intérêt du dépistage systématique restera incertain ; si, en revanche, une réduction de la mortalité est observée dans le groupe dépisté par rapport à l'autre, l'intérêt du dépistage sera prouvé. Les résultats de cette vaste étude vont à juste titre influencer les décisions de santé publique.
D'après la communication du Pr F. H. Schröder, coordinateur européen de l'étude ERSPC, Rotterdam, Pays-Bas.
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