Une étude menée par une équipe de Salt Lake City a permis de mettre en évidence la présence d'un gène sur le chromosome 17 p (ELA C2) des membres de 33 familles à risque. Plusieurs mutations du gène ELA C2 ont été trouvées chez des sujets ayant un cancer de la prostate, ce qui joue en la faveur du rôle de ce gène. Il reste à rechercher la fréquence de ses différents allèles au sein d'une population générale pour valider cette hypothèse du rôle du gène ELA C2, et ce dans une étude cas-témoins faisant participer des groupes ethniques différents.
Des biopsies prostatiques guidées par des microbulles
Améliorer la détection des cancers prostatiques, tel est l'objectif envisagé par la méthode de F. Frauscher et coll.*, qui consiste à profiter de l'hypervascularisation de la tumeur cancéreuse pour injecter par I.V. un produit contenant des microbulles (Levovist des Laboratoires Schering). Cette technique permet d'augmenter le contraste des images Doppler de la glande prostatique et de les coloniser, ce qui facilite la localisation des zones suspectes par rapport à la classique échographie à échelle de gris.
Quatre-vingt-quatre patients ayant un taux de PSA supérieur ou égal à 1,25 ng/ml et de PSA libre supérieur à 18 % ont été recrutés dans le cadre d'un programme de dépistage systématique. Les résultats montrent qu'une technique de Doppler couleur sensibilisée par un agent de contraste optimise le rendement de la biopsie guidée (13 % contre 4 % pour la méthode traditionnelle) avec des meilleures sensibilité et spécificité que les méthodes classiques.
Des évaluations thérapeutiques intéressantes
C'est avec l'essai EPC (Early Prostate Cancer), qui est le plus vaste programme d'étude randomisée réalisé dans le traitement du cancer prostatique localisé, que l'intérêt d'un antiandrogène non stéroïdien, le bicalutamide (Casodex des Laboratoires AstraZeneca) a pu être évalué après traitement standard (prostatectomie radicale, radiothérapie, surveillance). Les premiers résultats montent que le bicalutamide 150 mg, administré comme traitement hormonal adjuvant, diminue le risque de progression tumorale chez la moitié des patients traités pour un cancer localisé. Il s'agit là des premières données sérieuses quant à l'intérêt d'un traitement hormonal aux premiers stades du cancer de la prostate, bien que les données en terme de survie ne soient pas encore connues.
Dans le cadre des traitements permettant de réduire la progression clinique de la maladie, une étude de phase III contre placebo a permis d'évaluer deux produits conçus pour bloquer la dissémination métastatique du cancer de la prostate vers les os : un antagoniste de l'endothéline 1 et le clodronate oral. Les premiers résultats montrent une amélioration significative en terme de réduction de la progression clinique de la maladie avec un allongement de la survie :
- l'évaluation de l'atrasentan par voie orale, antagoniste spécifique du récepteur à l'endothéline 1, a été menée contre placebo chez 244 patients ayant des métastases osseuses. Les auteurs rapportent un allongement significatif du délai de réapparition de la progression clinique (198 jours versus 129 jours) et de la progression des PSA (20 semaines versus 10 semaines), avec une atténuation des marqueurs de la progression métastatique et une bonne tolérance ;
- l'évaluation avec le clodronate oral contre placebo auprès de 311 patients ayant un cancer hormono-dépendant et répondant au traitement hormonal montre une diminution des symptômes douloureux et un allongement de la survie. La reprise des douleurs, c'est-à-dire la progression métastatique, ne survient qu'au bout d'une médiane de 24 mois versus 19 mois chez les patients sous placebo. Ces résultats préliminaires soulignent aussi un bénéfice de 7 mois en terme de survie (34 mois versus 27 mois).
Des résultats encourageants ont été obtenus avec un traitement de consolidation associant la doxorubicine et un radio-isotope, le strontium 89, chez des patients ayant un carcinome de la prostate non androgéno-dépendant. Sachant qu'il existe une relation directe entre l'atteinte osseuse et la survie, l'objectif était de cibler l'os et de savoir si cette stratégie était bénéfique dans le carcinome non androgéno-dépendant avancé de la prostate. Cent cinq patients porteurs de ce type de cancer avec atteinte osseuse ont reçu deux ou trois cures de chimiothérapie d'induction. Les patients stables ou répondeurs, au terme de ce traitement d'induction, ont ensuite reçu un traitement de consolidation (doxorubicine pendant 6 semaines + strontium 89 la première semaine, pour la moitié des patients, et placebo pour l'autre moitié). Chez les patients ayant reçu le strontium 89, le délai de progression de la maladie est plus long ainsi que la survie globale. Ces données ne permettent pas encore de conclusion définitive, mais elles sont suffisamment importantes pour justifier d'autres études sur les traitements cibles chez ces patients présentant une atteinte osseuse.
* « Lancet » 2001 ; 357 :1849-1850.
La consommation de poissons gras réduit le risque de cancer de la prostate
Une relation inverse entre la consommation de poissons gras et l'incidence du cancer prostatique semble se confirmer grâce à une vaste étude de cohorte, prospective, basée sur une population suédoise, grande consommatrice de poissons gras, connus pour leur richesse en acides gras oméga 3. Un suivi de jumeaux sur trente ans montre qu'un pourcentage élevé de poisson dans le régime alimentaire est associé à une baisse de la fréquence du cancer de la prostate, même après ajustement selon l'âge ou les autres facteurs de risque connus.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature