L A biopsie systématique n'est jamais satisfaisante dans la recherche d'un cancer prostatique. Une possibilité de guider, par ultrasons, le trocart séduirait les spécialistes, en découvrant davantage de lésions avec moins de biopsies.
La méthode proposée par Ferdinand Frauscher (Philadelphie) et coll. dans le « Lancet », consiste à profiter de l'hypervascularisation de la tumeur cancéreuse. Grâce à une injection intraveineuse d'un produit contenant des microbulles, le levovist (Schering), il est possible d'augmenter le contraste des images doppler de la glande, de les coloriser. Les zones suspectes deviennent plus faciles à localiser qu'avec la classique échographie à échelle de gris.
Sans dépasser 5 biopsies
La théorie étant posée, reste à vérifier que la technique permet d'améliorer la détection des cancers prostatiques. Les auteurs ont donc recruté 84 patients au taux de PSA supérieur ou égal à 1,25 ng/ml et de PSA libre inférieur à 18 %, dans le cadre d'un programme de dépistage systématique.
Deux investigateurs ont réalisé des biopsies chez tous les patients. Le premier a guidé ses prélèvements par un doppler couleur sensibilisé par un agent de contraste (Sequoia 512, sonde de 9 MHz), sans dépasser 5 biopsies. Le second a prélevé 10 échantillons systématiques, de manière standard, guidé par un échographe à échelle de gris (Combison 530MT).
Un cancer a été mis en évidence chez 24 (29 %) des 84 patients, PSA moyen de 3,7 ng/ml. Les biopsies guidées par le doppler couleur en ont découvert 23, dont 7 (8 %) qui avaient échappé aux biopsies systématiques. Cette dernière méthode ne s'est montrée supérieure que dans un cas (non hypervascularisé). Ainsi, le rendement de la biopsie guidée est de 13 % (55 sur 409) contre 4 % (41 sur 840) pour la méthode traditionnelle. L'odds ratio pour le doppler dans la détection des cancers est évalué à 4,3, par rapport à l'autre méthode. Le bénéfice financier réalisé était de l'ordre de 50 %.
Bien sûr, la réduction du nombre de prélèvements s'est accompagnée de moins d'effets secondaires (douleur, hématurie ou hémospermie).
Les auteurs rappellent que les séries de 6 biopsies proposées classiquement peuvent manquer jusqu'à 34 % des cancers prostatiques. Passer à 12 prélèvements n'augmente pas la puissance de détection.
« Lancet », vol. 357, 9 juin 2001, pp. 1849-1850.
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