« A notre connaissance, c'est la première démonstration d'induction de réparation d'ADN par une cytokine protégeant les cellules de l'apoptose déclenchée par les UVB. Cela montre aussi que la réparation par excision de nucléotides peut être influencée par les cytokines », note l'équipe de chercheurs, dirigée par le Dr Thomas Schwarz (université de Munster, Allemagne), dans la revue « Nature Cell Biology ».
On sait que le cancer cutané est une conséquence majeure de l'exposition solaire chronique de la peau. Le principal coupable est le rayonnement UVB qui altère l'ADN et favorise ainsi la survenue de mutations conduisant aux cancers cutanés.
L'organisme n'est toutefois pas dénué de mécanismes protecteurs. Il peut, par exemple, réparer les lésions d'ADN provoquées par les UVB grâce à un système spécialisé, le système de réparation par excision de nucléotides (système NER). Ce système est important, comme en témoignent les patients atteints de Xeroderma pigmentosum. Ces patients, porteurs de défauts génétiques du système NER, développent souvent des cancers cutanés.
L'apoptose des kératinocytes altérés
Un autre mécanisme protecteur est le déclenchement de la mort par apoptose des cellules (kératinocytes) qui n'ont pas bien réparé l'ADN. En effet, un des signes cardinaux de l'exposition aiguë au rayonnement UVB est l'apoptose des kératinocytes altérés, ce que l'on appelle aussi la formation des « cellules du coup de soleil ».
Une équipe de chercheurs a maintenant découvert qu'une cytokine, l'interleukine 12 (IL12), peut stimuler la réparation des lésions d'ADN qui sont induites par les UVB. Elle montre in vitro que l'IL12 réduit l'apoptose des kératinocytes, déclenchée par les UVB, ainsi que les dégâts d'ADN dans les kératinocytes soumis aux UVB.
De même, in vivo, lorsque des souris sont exposées aux UVB, quelques??? heures après avoir été prétraitées par injection intracutanée d'IL12, elles présentent, plusieurs heures après l'irradiation, considérablement moins de lésions d'ADN dans les kératinocytes, ainsi qu'un nombre bien plus petit de « cellules du coup de soleil », comparées aux souris non prétraitées.
Plusieurs arguments, estiment les chercheurs, suggèrent que l'IL12 supprime les dégâts d'ADN dans les kératinocytes en favorisant leur réparation par le système de réparation par excision de nucléotides (système NER).
Une inconnue : le risque de cancer cutané
« Il reste à savoir, soulignent les chercheurs, si la surexpression d'IL12 dans l'épiderme, in vivo, peut s'accompagner non seulement d'une réduction du nombre des "cellules du coup de soleil", mais aussi d'une réduction du risque de développer un cancer de la peau après exposition chronique aux UVB.Si l'on envisage la possibilité que toutes les cellules porteuses d'ADN endommagé ne sont pas éliminées par l'apoptose, la réduction des dégâts d'ADN médiés par les UVB devrait être bénéfique. Les études sur les souris transgéniques surexprimant l'IL12 dans l'épiderme devraient apporter la réponse. De plus, l'IL12 appliquée localement pourrait être prometteuse comme agent thérapeutique pour prévenir le cancer cutané induit par les UV. »
« Nature Cell Biology » du 26 novembre 2001, DOI : 10,1038/ncb717.
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