Si les campagnes d'information et de prévention ont permis d'accroître les connaissances du public quant aux dangers d'une exposition excessive au soleil, une étude anglaise suggère qu'il ne faut pas pour autant s'attendre à d'importants changements du comportement au sein des populations informées.
Kerry Guile et coll. (hôpital Saint Georges, Londres) ont montré en effet que les oncologues et les infirmières des services de cancérologie, bien qu'ils soient très au fait du problème, s'exposent volontairement de manière excessive au soleil, sans appliquer les recommandations élémentaires qu'ils communiquent à leurs patients. Les résultats de cette étude ont fait l'objet d'un poster présenté au cours du 12e Congrès européen d'oncologie clinique (à Copenhague, Danemark).
Un questionnaire relatif au comportement
C'est dans le cadre d'une enquête épidémiologique que Guile et coll. ont été amenés à mettre au point un questionnaire relatif au comportement adopté vis-à-vis du soleil. Ce questionnaire a été baptisé SAMPLE pour « Sun Awareness Melanoma-Prone Lifestyle Enquiry ». Il comporte une trentaine de questions réparties en quatre sections : les données démographiques relatives aux personnes interrogées sont obtenues dans la première section. Une dizaine de questions permettent ensuite d'évaluer le degré d'exposition des individus aux rayonnements UV. La troisième section concerne les mesures de protections mises en œuvre en cas d'exposition (crème, vêtements, chapeau...). Enfin, les connaissances des sujets interrogés quant aux grains de beauté, aux mélanomes malins et aux effets biologique du soleil sont évaluées grâce aux 18 questions de la dernière section.
Guile et coll. ont soumis 340 personnes à ce questionnaire. Les auteurs ont volontairement enrôlé un nombre important d'oncologues et d'infirmières travaillant dans des services d'oncologie. A partir des réponses obtenues, les auteurs ont voulu savoir s'il existe une corrélation entre le niveau de connaissances relatives aux effets du soleil et le comportement adopté face à ce dangereux carcinogène.
Il est apparu que si les infirmières se protègent davantage du soleil que le reste de la population et si les oncologues sont de loin les mieux informés quant aux effets du soleil sur la peau, ces professionnels de la santé s'exposent autant au soleil que le reste de la population (c'est-à-dire de manière excessive). Aucune corrélation entre le niveau de connaissance et le comportement n'a pu être démontrée.
L'éducation ne suffit donc pas à modifier le comportement et, pour les auteurs, les campagnes d'information ne réussiront sans doute pas pas à réduire l'incidence des cancers de la peau.
12e Congrès européen d'oncologie clinique (ECCO), Copenhague.
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