A Dijon, le Pr Françoise Piard et son équipe, en collaboration avec le registre bourguignon des cancers digestifs du Pr Faivre, s'intéressent à des marqueurs pronostiques du cancer colo-rectal autres que ceux fondés sur les classifications anatomo-pathologiques de TNM et de Dukes. Ce groupe de recherche étudien en particuliern des marqueurs en relation directe avec les anomalies du cycle cellulaire, objet du dernier prix Nobel de médecine et physiologie.
Il faut se souvenir que la croissance d'une masse tumorale est la résultante du renouvellement cellulaire, rythmé par la durée du cycle cellulaire, et les pertes liées à l'apoptose. Les études par cytométrie en flux (CMF) offrent une idée de ce renouvellement par le biais de la quantité d'ADN de ces cellules. En effet, la division est précédée d'une phase de doublement de l'ADN. L'analyse en CMF du contenu nucléaire en ADN permet de distinguer les populations cellulaires diploides (contenu normal avec, par définition, un index d'ADN égal à 1) de populations cellulaires aneuploides au contenu anormal, soit hyperdiploïde (index >1) ou hypodiploïde (index <1).
Au cours du cancer colo-rectal, l'index d'ADN est modifié et environ 50 à 60 % des cancers sont aneuploïdes. L'analyse de la ploïdie a fait l'objet de nombreux travaux plus ou moins concordants : elle aurait un intérêt dans les stades II, où l'aneuploïdie serait corrélée au risque de récidive et de métastase. L'aneuploïdie est par ailleurs fréquente dans les cancers présentant des pertes d'hétérozygotie (cancers de type LOH), alors qu'elle est absente dans les cancers avec instabilité des microsatellites (cancers de type MSI).
Considérée comme « gardien du génome », la protéine p53 joue un rôle dans la régulation de la prolifération cellulaire, de la différenciation, de la réparation des lésions de l'ADN et dans l'apoptose. Si l'ADN est lésé, la protéine p53 est surexprimée et elle inhibe la poursuite du cycle cellulaire en induisant l'expression de p21 (protéine inhibitrice des complexes cycline-cdk). Si l'ADN ne peut être réparé, la protéine p53 induit l'apoptose. Le génome conserve son intégrité.
La recherche de mutations de p53 est longue et nécessite la mise en place de moyens techniques de biologie moléculaire. C'est pourquoi les méthodes indirectes utilisant les techniques immunohistochimiques ont connu un large succès. La relation entre la présence d'une mutation du gène p53 et un immunomarquage positif est bonne, bien qu'il n'existe pas de parallélisme strict entre les deux méthodes (résultats similaires dans environ 75 % des cas). Il existe donc un réel besoin de standardisation des méthodes d'évaluation de la protéine p53 d'autant que la valeur pronostique de l'altération génique reste débattue.
Ces recherches font partie du travail que mène à Dijon, Françoise Piard et son équipe, sur les nouveaux marqueurs d'agressivité tumorale dans le cancer colo-rectal. Cette étude a l'intérêt d'être réalisée sur la base de population de la Côte-d'Or.
D'après un entretien avec le Pr Françoise Piard, service d'anatomie pathologique, CHU de Dijon
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