De notre correspondante
à New York
L E pronostic des patients atteints de cancer colo-rectal, la seconde cause de mortalité par cancer aux Etats-Unis, est étroitement lié au degré de pénétration de la tumeur dans la paroi intestinale, à l'envahissement des ganglions régionaux et à la dissémination métastatique. Le pronostic dépend aussi de certaines altérations moléculaires.
La séquence des altérations génétiques qui aboutissent au cancer colo-rectal débute généralement par l'inactivation de la voie du gène suppresseur de tumeur APC et de la bêtacaténine. Puis, parmi les altérations ultérieures, figurent des pertes de fragments de chromosomes, aussi appelées pertes d'hétérozygotie ou pertes alléliques, et des insertions ou délétions de nucléotides dans les séquences répétées d'ADN, les instabilités des microsatellites, dues à une réparation défectueuse des nucléotides mal appariés.
Perte d'hétérozygotie du chromosome 18q
Parmi les marqueurs de mauvais pronostic, figure en tête la perte d'hétérozygotie du chromosome 18q. D'autres ont aussi été identifiés, dont les pertes alléliques, aux chromosomes 17p et 8p, et les taux cellulaires élevés des protéines p53 et p21. De plus, les cancers avec instabilité élevée des microsatellites ont un meilleur pronostic que les cancers avec stabilité des microsatellites.
On sait maintenant que lorsque le cancer colo-rectal envahit les ganglions régionaux, mais n'est pas métastasé à distance (stade C), la chimiothérapie adjuvante postopératoire (à base de 5-FU) améliore la survie. Il serait utile d'identifier des marqueurs moléculaires qui prédisent le taux de survie après la chimiothérapie adjuvante.
Une équipe dirigée par le Dr Hamilton (University of Texas M.D. Anderson Cancer Center, Houston) a cherché a identifier de tels marqueurs. L'équipe a examiné une série de marqueurs moléculaires - pertes alléliques aux chromosomes 18q, 17p et 8p ; taux cellulaires des protéines p53 et p21 ; instabilité des microsatellites - dans les échantillons tumoraux de 460 patients atteints d'un cancer colo-rectal au stade C ou au stade B à haut risque, participant à 2 études de chimiothérapie adjuvante à base de fluoro-uracile (avec lévamisole et/ou leucovorine).
Les chercheurs montrent que l'absence de perte allélique du chromosome 18q, dans les tumeurs aux microsatellites stables, et la mutation du gène du récepteur type II pour le TGF-bêta 1, dans les tumeurs à forte instabilité des microsatellites, prédisent une meilleure survie après la chimiothérapie adjuvante pour le cancer au stade C.
La survie à 5 ans est de 74 %
Ainsi, parmi les patients atteints d'un cancer au stade C avec microsatellites stables, la survie à cinq ans après la chimiothérapie adjuvante est de 74 % lorsque la tumeur conserve l'allèle 18q, comparé à 50 % pour ceux qui ont perdu les allèles 18q. De même, parmi les patients qui ont un cancer au stade C à forte instabilité des microsatellites, la survie à cinq ans après la chimiothérapie adjuvante est de 74 % en présence d'une mutation du gène TGF-bêta 1 RII, comparé à 46 % lorsque la tumeur n'a pas cette mutation.
« Notre étude est un premier pas vers l'objectif d'un traitement individualisé du cancer qui repose sur les caractéristiques moléculaires de la tumeur », notent les investigateurs. « Des études prospectives sont maintenant nécessaires, ajoutent-ils, pour déterminer si des agents anticancéreux plus récents, comme l'irinotécan et l'oxaliplatine, pourraient offrir un bénéfice aux patients atteints d'un cancer au stade C, dont les tumeurs ont des marqueurs moléculaires associés à une efficacité réduite des chimiothérapies à base de fluoro-uracile. »
« New England Journal of Medicine »,19 avril 2001, p. 1196.
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