Les récentes affirmations concernant un effet protecteur de la consommation de café contre le risque de cancer colo-rectal semblent actuellement prématurées. Selon l'analyse des données recueillies à partir d'une vaste étude de cohorte (1), aucune association significative entre café et cancer colo-rectal n'a pu être dégagée.
Au chapitre de la génétique, l'hypothèse d'une cause commune entre les maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI), comme la maladie de Crohn et la RCH, et le cancer colo-rectal est écartée. Une étude de cohorte (2), menée dans la population suédoise auprès de 114 102 personnes apparentées au premier degré à des patients ayant une RCH ou une maladie de Crohn, n'a pas montré d'augmentation du risque de cancer colo-rectal chez ces patients. Les résultats de cette étude ne permettent pas de conclure à l'existence d'un lien génétique entre les MICI et le cancer colo-rectal. Pour autant, ils ne réfutent pas la possibilité d'un trouble acquis de la glycosylation (à l'origine de la pathogénie de ces affections).
Imagerie virtuelle et dépistage du cancer colo-rectal
La coloscopie virtuelle ou coloscanner est une nouvelle technique d'imagerie qui fait appel au scanner hélicoïdal et au traitement informatisé des images. Elle permet l'obtention des représentations tridimensionnelles du côlon, réalisant ainsi une simulation des images obtenues par coloscopie. C'est à la demande de la Société française de radiologie que l'ANAES (Agence nationale d'accréditation d'évaluation de la santé) a étudié la place de la coloscopie virtuelle dans le dépistage du cancer colo-rectal. Aux différentes questions concernant ses performances thérapeutiques, sa sécurité et son acceptabilité, son rapport coût-efficacité, l'ANAES a conclu que les données actuelles ne permettent pas de recommander cet examen dans cette indication, précisant qu'il s'agit d'une technique d'imagerie encore en développement et que ses modalités de réalisation ne sont pas optimisées. Les études cliniques effectuées jusqu'à présent sont essentiellement des études de faisabilité de faible envergure réalisées chez des sujets à risque élevé de cancer colo-rectal. Les performances diagnostiques sont variables, mais clairement inférieures à celles de la coloscopie, notamment en ce qui concerne la détection des lésions planes et des polypes de moins de 5 mm. La coloscopie virtuelle a pour principal avantage d'être un examen peu invasif qui ne nécessite pas d'anesthésie ou de sédation et sans risque pour la santé, si ce n'est un faible risque d'irradiation. Néanmoins, son acceptabilité peut être freinée par une préparation similaire à celle de la coloscopie. L'évolution rapide des technologies permet cependant d'envisager, à court ou moyen terme, la possibilité pour la coloscopie virtuelle d'obtenir des performances diagnostiques proches de celles de la coloscopie.
Nouveaux traitements pour le cancer colo-rectal métastatique
C'est un précurseur non cytotoxique du 5-FU (5-fluorouracil), administré par voie orale, le Xeloda (capecitabine) des Laboratoires Roche, qui a obtenu cette année son AMM européenne pour le traitement en monothérapie du cancer colo-rectal métastatique. Xeloda a pour originalité d'avoir une action ciblée sur la tumeur, en délivrant une plus grande quantité de 5-FU dans la tumeur que dans les tissus sains. Une approche ciblée qui repose sur l'activation d'une enzyme, la thymidine phosphorylase (TP), présente à des concentrations plus élevées dans le tissu tumoral. L'efficacité de Xeloda en monothérapie est démontrée par des études cliniques à grande échelle. En outre, les investigateurs ont montré que Xeloda a un profil de sécurité favorable, avec diminution de l'incidence des diarrhées, des ulcères buccaux, des nausées, de l'alopécie et des neutropénies, avec réduction significative des infections et des fièvres neutropéniques.
Par rapport au traitement classique ayant recours aux fluoropyrimidines, et notamment le 5-FU leucovorine en intraveineux, des auteurs ont montré que Xeloda offre un meilleur confort aux patients. Il permet en effet de limiter les hospitalisations imposées par les injections I. V. et par les effets indésirables. En outre, la voie orale est à l'évidence la voie préférée des patients (92 %) quand l'efficacité n'est pas compromise. Enfin, la possibilité d'associer Xeloda avec d'autres produits (oxaliplatine et irinotécan) et avec la radiothérapie est actuellement à l'étude. Selon les données préliminaires, il semble que l'activité antitumorale et la tolérance de ces traitements combinés soient prometteuses chez les patients ayant un cancer colo-rectal métastatique. Pour l'heure, Xeloda est homologué en monothérapie pour le cancer colo-rectal métastasé dans environ 30 pays, et notamment dans toute l'Union Européenne.
Une autre chimiothérapie orale, l'UFT des Laboratoires Bristol-Myers Squibb (association de tégafur prodrogue de 5-FU et d'uracile), a obtenu son AMM pour le cancer colo-rectal métastatique. Deux grands essais comparatifs multicentriques ont montré que l'administration conjointe d'UFT à de l'acide folinique (AF) per os a permis d'obtenir des résultats en termes de survie globale, comparables à ceux d'une chimiothérapie classique par 5-FU/AF par voie I. V. Il s'agit là d'une avancée majeure pour des patients à un stade avancé de la maladie, compte tenu que l'administration d'un cytotoxique par voie orale ne nécessite pas d'hospitalisation et que ses effets indésirables sont moindres. D'ores et déjà, les Laboratoires Bristol-Myers Squibb envisagent l'association de l'UFT à d'autres médicaments et son utilisation dans d'autres types de cancers.
(1) P. Terry et coll., « Gut », 2001 ; 49 : 87-90.
(2) « The Lancet », vol. 357, 27 janvier 2001, pp. 262-266 et (éditorial) p. 246
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