Depuis les année soixante et l'apparition du 5-FU, il aura fallu attendre les années quatre-vingt-dix et le développement de nouvelles molécules pour entrevoir de réelles avancées thérapeutiques. Selon Aimery de Gramont (hôpital Saint-Antoine, Paris), de nouveaux protocoles à base d'oxaliplatine devraient apporter un progrès majeur, en améliorant notablement l'efficacité des traitements tout en maîtrisant leur toxicité.
De nombreuses études sont actuellement en cours en France et aux Etats-Unis, dont celles initiées par le GERCOR (1). L'histoire commence avec l'optimisation du protocole 5-FU + leucovorin, puis son association avec l'acide folinique (Protocole LV5FU2). Comparé au protocole de la Mayo Clinic, standard américain de l'époque, ce dernier s'est révélé supérieur. L'étape suivante fut de l'améliorer en ajoutant de l'oxaliplatine, connu pour sa synergie d'action avec le 5FU.
De nombreuses études
Une étude phase III a donc comparé le protocole LV5FU2 avec le protocole FOLFOX (2), qui montra un doublement du taux de réponse, un ralentissement de la progression tumorale et une médiane de survie à 16 mois dans les cancers métastasés. L'étude américaine N9741 a établi la supériorité du protocole FOLFOX en terme d'innocuité, mais également en terme d'efficacité (taux de réponse, vitesse de progression de la tumeur et durée de survie) sur l'actuel protocole américain. Ces résultats confirmant la bonne tolérance du protocole FOLFOX ont été présentés à l'ASCO (3), en mai 2002.
L'étude MOSAIC a pour objectif de rechercher si ces bons résultats dans les stades avancés pouvaient être observés lors de traitements aux stades précoces de la maladie. Des éléments de cette étude de plus de 2 000 patients ont également été présentés à l'ASCO, confirmant l'intérêt du protocole FOLFOX comme traitement adjuvant dans les cancers colo-rectaux, les résultats complets (efficacité notamment) n'étant cependant attendus qu'en 2004.
Une tolérance qui s'améliore au fil des protocoles
Quels que soient les progrès réalisés en terme d'efficacité, les chimiothérapies sont connues pour leurs effets secondaires (neutropénies, vomissements, diarrhées, neuropathies) et l'équipe du Pr de Gramont développe avec le GERCOR une stratégie d'optimisation successive de ses différents protocoles. Convaincue que la dose d'oxaliplatine est un facteur essentiel de l'efficacité du traitement, l'équipe a modifié FOLFOX 4 en augmentant la dose d'oxaliplatine, tout en modulant l'association de 5-FU. Pour limiter la possibilité de chimiorésistance et l'apparition de neuropathies (liée à la dose cumulée), le protocole OPTIMOX a été initié. Il consiste à limiter le nombre de perfusions d'oxaliplatine, associées à des perfusions de 5-FU/LV, et à réintroduire l'oxaliplatine en cas de progression tumorale. Cette stratégie de « stop and go » pourrait aboutir à une révision profonde des standards de traitement des tumeurs colo-rectales avancées.
L'oxaliplatine est présente dans soixante pays, dont la plupart des pays européens. Aux Etats-Unis, Sanofi-Synthelabo a obtenu l'agrément auprès de la FDA (Food and Drug Administration) dans le traitement de deuxième intention des cancers colo-rectaux métastasés. Les travaux présentés ont été tels que la FDA avait souhaité accélérer la procédure, ouvrant la voie à un marché estimé à 600 millions de dollars.
4e conférence internationale : « Perspectives in colorectal cancer », Barcelone, 2002. Un symposium satellite organisé par les Laboratoires Sanofi Synthelabo.
(1) GERCOR : Groupe coopérateur multidisciplinaire en oncologie.
(2) Le protocole FOLFOX serait également efficace dans le cancer de l'estomac, et des études sont en cours dans les tumeurs du pancréas, de l'ovaire et du poumon.
(3) ASCO : American Society of Clinical Oncology.
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