La câlinothérapie en politique est un peu ce que le placebo est à la médecine : ça ne marche pas à tous les coups… Ainsi, avec les toubibs, l’offensive de charme de ces jours derniers a fait flop. Pour tenter d’amadouer les généralistes, le gouvernement a pourtant tout essayé. Jusqu’à mettre à contribution François Hollande qui s’est rendu il y a huit jours au Congrès de l’Ordre des médecins. Exercice inédit hors période électorale pour un président et mission accomplie sur l’air du « Je vous ai compris ! » Lundi, Marisol Touraine a rajouté un peu de pommade, affirmant au « Quotidien du Médecin » qu’elle avait « confiance dans l’adhésion des médecins à cette réforme » (sic) et que les discussions de ces dernières semaines ont « permis de lever certains malentendus ».
On voudrait la croire, mais les faits sont têtus. En réalité, les généralistes n’ont jamais paru aussi remontés. Après l’appel de MG France à une grève le 6 janvier, voici l’UNOF qui lance une consigne de fermeture des cabinets fin décembre. La FMF a déjà répondu banco. Et on pourrait donc s’orienter vers un mouvement unitaire comme on n’en avait pas connu depuis longtemps. Entre MG et l’UNOF reste à lever quelques préventions réciproques, le premier accusant la seconde d’avoir privé les généralistes de la majoration MPC des spés, la seconde ne pardonnant pas le soutien initial du premier à la généralisation du tiers payant… Mais on peut espérer que la défense de la profession fera passer ces querelles de chapelle au second plan.
Ça semble urgent, tant le gouvernement semble incapable de faire la moindre concession sur les deux principaux motifs de fâcherie avec les généralistes. Il est coincé d’abord sur le chantier de la dispense d’avance de frais, dont il a fait l’argument marketing numéro un pour vendre sa loi de santé aux assurés. Au point de ne plus voir qu’en face la méfiance instinctive des médecins est en train de se muer en véritable hostilité. Ça sent l’obstination et l’impréparation : il y a trop de flou dans ce chantier et comme dirait une ex-ministre de la Santé devenue frondeuse « quand y a du flou, c’est qu’y a un loup ! » Inflexible quand il faudrait se poser, ce gouvernement se montre par ailleurs immobile quand il faudrait avancer ! Un geste sur le C – mille fois réclamé, cent fois esquivé – aurait pu à lui seul désamorcer la contestation. Mais, sur ce chapitre comme sur d’autres, que pèse la ministre de la Santé face à Bercy ou à Bruxelles ?
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature