On savait que l'apport de calcium pendant l'enfance et l'adolescence favorise le développement de la masse osseuse. La période qui se situe à la fin de la croissance est essentielle chez l'homme, car elle détermine le risque de fracture par ostéoporose à un âge plus avancé, en particulier au moment de la ménopause. Durant cette période, l'augmentation de la masse osseuse minérale est intense (« peak bone mass ») : l'os gagne plus en longueur qu'en volume. L'évolution de la masse osseuse suit, comme pour la taille, une courbe qui varie pour chaque individu en percentile par rapport à la moyenne. Les différences individuelles observées s'expliquent surtout par des facteurs génétiques. Cependant, plusieurs études ont montré qu'une modification des facteurs environnementaux, comme l'exercice physique, la prise de calcium ou de celle de vitamine D, pouvait faire varier le profil de la courbe.
L'effet bénéfique des sels de calcium
Plusieurs études contrôlées ont déjà montré l'effet bénéfique d'un apport de différents sels de calcium extraits du lait. Mais aucune n'avait étudié « si l'effet persiste à l'arrêt de cette supplémentation en calcium », nous dit le Pr J.-P. Bonjour (département de médecine interne, Genève, Suisse).
L'étude publiée dans le « Lancet » tente de le démontrer. Il s'agit de la suite d'une étude qui avait observé une augmentation de la masse osseuse chez des fillettes de 8 ans ayant reçu des aliments supplémentés en calcium et phosphate provenant du lait. Cette étude, randomisée en double aveugle contre placebo, a concerné 116 adolescentes. 54 d'entre elles ont reçu un placebo, tandis que 62 autres recevaient des aliments enrichis en calcium issu du lait : gâteaux, biscuits, jus de fruit, barres chocolatées, yaourts et poudre pour boissons chocolatée. La dose journalière de calcium reçue était d'environ 850 mg. Le groupe contrôle recevait les mêmes aliments sans calcium ajouté. Cette phase a duré 48 semaines, à l'issue de laquelle un pédiatre a vérifié que les jeunes filles étaient toujours en période prébubertaire.
Une absorptiométrie sur 6 points osseux.
Leur taille et poids ont été mesurés. Dans la suite de l'étude, qui se situe 3 à 5 années plus tard, les mesures ont été refaites et la densité de la masse osseuse mesurée grâce une absorptiométrie biénergétique aux rayons X, réalisée sur 6 points osseux.
Les résultats montrent qu'à 3 à 5 ans, l'effet bénéfique perdure. Car la densité osseuse reste encore significativement plus élevée chez les adolescentes ayant reçu un apport supplémentaire : 156 mg/cm2 contre 151/cm2. Il existe aussi une différence significative entre les deux groupes sur le contenu minéral osseux et la « surface » osseuse.
Notre « étude suggère qu'un apport supplémentaire en sels phospho-calciques, pris en période prépubertaire modifie la courbe de la croissance osseuse. Celle-ci se maintient au dessus de la courbe moyenne normale et cette augmentation se maintient même à l'arrêt de la supplémentation », conclut le Pr J.-P. Bonjour.
« Lancet », vo.l 358, 13 octobre 2001, p. 1208-1212.
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