Cacophonie sur les IJ

Publié le 25/11/2011
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Pas facile d’imaginer au pied levé un nouveau plan de rigueur pour la Sécu, deux mois après l’annonce d’un PLFSS qui avait déjà pour objectif de resserrer les boulons... Victime d’un calendrier international dont il n’a plus vraiment la maîtrise, le gouvernement n’a pas le choix. Au risque de donner l’impression de tâtonner parfois et même de faire dans l’improvisation ces derniers temps sur le front social. Ainsi a-t-il annoncé d’abord qu’un PLFSS-bis serait adopté par le conseil des ministres du 23 novembre avant de trouver plus commode de procéder par amendements au projet en cours de discussion au Parlement. Voilà pour la forme. C’est anecdotique. Mais cela témoigne d’une impréparation qui fait un peu désordre.

Plus difficile à suivre ces derniers temps : la lutte contre les arrêts de travail abusifs. On a tout vu, tout lu, tout entendu les jours passés. Au point de ne plus bien savoir où on va. Le gouvernement cherche à coincer les fraudeurs. Qui pourrait le lui reprocher ? Mais comme il y a surtout urgence à remplir les caisses de la Sécu, il met parallèlement en place sur les IJ des mesures purement comptables pour réduire la facture. Plus difficile, bien sûr, à faire passer, y compris dans sa propre majorité qui, fiévreuse à moins de six mois des élections, prend en permanence le pouls de son électorat. À deux reprises le gouvernement a donc dû remettre l’ouvrage sur le métier. On l’a vu proposer un nouveau mode de calcul des congés maladie sur le salaire net, moins avantageux que le brut. Bronca des députés et premier repli tactique de l’exécutif. Nouvelle tentative la semaine passée avec l’ajout d’un quatrième jour de carence pour les salariés du privé. Suivi d’un nouveau recul annoncé mardi par le Premier ministre...

À ce rythme, la lutte contre la fraude, pourtant érigée par le président au rang de croisade nationale, confine presque à la cacophonie. Le gouvernement n’a pas de chance avec la conjoncture et avec sa majorité. Mais, dans cette affaire, il s’y est quand même sacrément mal pris. Annoncer au même moment des sanctions pour les faux malades et une contribution pour les vrais assurés n’était en soi pas une bonne idée. Comme si tout le monde était un peu fraudeur et comme si chacun avait les moyens. En privilégiant le rendement, on a négligé l’affichage politique déplorable de ces mesures. À refaire.


Source : Le Généraliste: 2583