Rhumatologie

Ça bouge dans la goutte et l'arthrose

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Publié le 27/11/2015
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Les rhumatismes inflammatoires tiennent toujours le haut du pavé dans les congrès de rhumatologie, mais deux pathologies jusqu'ici peu porteuses de bouleversements, l'arthrose et la goutte se sont fait, cette année, une belle place au soleil californien, lors du congrès de l’American College of Rheumatology, (San Francisco. 7-11 novembre).
Genou atteint de goutte

Genou atteint de goutte
Crédit photo : DR P. MARAZZI/SPL/PHANIE

La prévalence de la goutte ne cesse d'augmenter et, aux États-Unis, elle a pratiquement doublé, tout en devenant plus sévère et toujours plus associée à des comorbidités. La prescription de doses optimales d'allopurinol est souvent limitée par une insuffisance rénale associée. Le nouvel hypo-uricémiant de la famille des inhibiteurs de la xanthine oxydase, le febuxostat, rassure, en montrant dans une étude rétrospective nationale présentée à San Francisco par Pierre-
Antoine Juge (hôpital Lariboisière, Paris), « sa bonne tolérance rénale et cardiaque ». Une autre molécule, l'arhalofénate, à la fois hypo-uricémiante (uricosurique) et anti-inflammatoire se montre prometteuse dans une étude de phase 2b en réduisant à la fois l'uricémie et le nombre de crises, limitant ainsi le recours à la colchicine et aux anti-inflammatoires non stéroïdiens.

La génétique s'invite dans la goutte


Le besoin d'alternatives à l'allopurinol se fait d'autant plus sentir qu'on connaît le risque d'allergies cutanées graves avec des syndromes type Lyell-Johnson. Ce risque est très significativement associé à la présence de l'allèle HLAB501. Or il est 11 fois plus fréquent dans les ethnies chinoises d'origine Han et cinq fois plus chez les Afro-Américains par rapport à la population américaine globale. Plusieurs publications américaines ont, du reste, incité au typage HLA systématique chez ces populations avant de prescrire.

De bonnes surprises concernant l’arthrose


Voilà qui devrait donner de l’eau au moulin des pro-antiarthrosiques d'action lente : selon une étude québécoise, après deux ans de traitement, le celecoxib et la chondroïtine font globalement jeu égal sur la douleur dans la gonarthrose, avec une petite différence en faveur de la chondroïtine sur le plan structural. 

L'espoir vient surtout d'une nouvelle voie thérapeutique intra-articulaire, l'inhibition des Wnt, ligands impliqués dans le catabolisme chondrocytaire. Les essais de phase I chez l'homme confirment les données expérimentales avec un petit gain sur l'épaisseur du cartilage et l'amélioration de la douleur. Toujours en intra-articulaire, l'inhibiteur sélectif d'une aggrécanase, enzyme participant à la destruction du cartilage, diminue de façon importante les lésions du cartilage dans divers modèles expérimentaux.


Un nouveau type de viscosupplémentation basé sur un hydrogel à base de chitosan réduit l'évolution radiographique et l'inflammation de la membrane synoviale et améliore la structure du cartilage, mais on attend les essais chez l'homme.

Dr Maia Bovard-Goufffrant

Source : Le Généraliste: 2738