LES ÉTUDIANTS EN MEDECINE sont des privilégiés. Alors que le C2i première version a été instauré en 2005 à l'intention de toutes les filières universitaires, niveau licence, pour favoriser la maîtrise des outils bureautiques (Excel et autres logiciels), le niveau 2 vient d'être lancé en phase d'expérimentation pour les seuls « métiers de la santé ». Sont concernées cette année les 11 universités qui forment des étudiants en médecine, pharmacie et odontologie*.
La circulaire qui fixe les modalités de cette expérimentation (bulletin officiel de l'Education nationale du 7 novembre 2006) détaille le menu du nouveau corpus : documentation juridique, sécurité et systèmes d'information. C'est le premier domaine qui intéresse plus particulièrement les thésards : identifier et savoir utiliser les classifications, thésaurus et codifications de l'information en santé ; identifier les sources électroniques d'informations spécialisées et professionnelles en santé ; rechercher des informations en santé sur Internet ; évaluer la qualité de l'information en santé sur Internet. Et mettre en oeuvre une veille documentaire.
«En fait, explique Jérôme Kalfon, directeur du SCD (service commun de la documentation) de Paris-V, nous nous efforçons de contribuer à une meilleure formation des futurs médecins qui vont intégrer un monde où la surabondance d'informations exige une maîtrise accrue de l'accès aux connaissances scientifiques et techniques et à leur gestion.»
Medline et les stratégies de recherche.
Paris-V a recruté à cet effet une conservatrice, Françoise Dailland, spécialement en charge du département information et formation de la cellule documentation en ligne. Elle a déjà donné un premier cours, en février dernier, consacré à la recherche d'informations en santé et elle en dispensera un deuxième le 26 avril, où il sera aussi question de veille documentaire. D'autres modules sont consacrés à l'informatisation du dossier du patient, au système d'information hospitalier, ainsi qu'aux aspects législatifs et réglementaires de l'informatisation des données de santé.
«Pour les thésards, explique la conservatrice, l'objectif prioritaire consiste à leur permettre d'aborder la base médicale de référence Medline avec un vocabulaire adapté et des stratégies de recherches efficaces. Dans cette optique, nous leur faisons faire des exercices qui permettent de comparer les résultats suivant les méthodes employées. Les étudiants sont aussi formés pour accéder aux ressources qui sont mises en ligne par diverses institutions (AP-HP, Inserm, catalogues universitaires…). »
La première session a duré quatre heures, avec une dizaine d'étudiants inscrits. La seconde accueillera dix autres étudiants inscrits en D3. Ils découvrent que, utiliser Internet en médecine, c'est tout autre chose que de procéder à des copier-coller, avec une complexification des informations, à la fois dans le domaine médical et dans des domaines connexes, comme l'éthique ou la sociologie.
Comme le souligne Jérôme Kalfon, «ce chantier pédagogique est en plein devenir». A ce stade, les responsables de Paris-V s'efforcent de faire prendre conscience aux étudiants de l'intérêt du C2i niveau 2, organisant à cette fin des ateliers et des « journées numériques » dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils ont du mal à déplacer les foules.
«Pratiquement, constate Françoise Dailland, les étudiants s'estiment déjà submergés par les heures de cours dans lecursusobligatoire et ils sont naturellement réticents à charger encore la barque. Et puis les enseignants, pour leur part, ont souvent tendance à penser qu'ils détiennent le savoir, ce qui ne les motive guère pour aller vers d'autres sources de connaissance. De ce point de vue, l'état d'esprit français est plus réfractaire devant les technologies de l'information et de la communication que celui, par exemple, des Canadiens.»
Il est trop tôt pour tirer les leçons de l'expérimentation qui vient tout juste de démarrer. Sans aller jusqu'à parler d'une révolution dans les esprits, Jérôme Kalfon estime qu'il s'agit d' «accompagner un processus qui touche l'ensemble de la société et qui nous fait passer d'une société de rareté de l'information à une hyperabondance de l'information, avec le risque d'être noyé dans la masse des articles avant d'avoir identifié la bonne source». Le temps où les bibliothécaires pilotaient les thésards à l'aide d'un unique et antique catalogue papier est révolu. Place à la cyberconservatrice qui fournit à l'étudiant les moyens de sa navigation sur la Toile médicale.
Une réunion sur le sujet s'est récemment déroulée au ministère de l'Education. Passée la phase d'expérimentation, ce sont toutes les facultés de médecine qui vont être appelées à proposer le C2i niveau 2. Et la totalité des étudiants devraient être concernés à terme. Sans oublier, au titre de la FMC, les praticiens en exercice.
* Amiens, Grenoble-I, Lille-II, Lyon-I, Montpellier-I, Nancy-I, Nice, Paris-V, Rennes-I, Rouen, Tours.
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