« Cela montre que nous avions raison dès le début. » Le Dr Michel Chassang, président de l'UNOF (la branche généraliste de la CSMF), saisit la balle au bond. La promesse de Jacques Chirac, énoncée par sa porte-parole Roselyne Bachelot (« le Quotidien » du 13 mars), de faire passer à 20 euros la consultation du généraliste donne du grain à moudre au moulin du presque président de la CSMF.
« Si Jacques Chirac fait de telles déclarations et s'engage ainsi, dit-il, cela prouve bien que les problèmes de revalorisations sont de la compétence des politiques et du gouvernement et non simplement de l'assurance-maladie », dit-il. Il rappelle que, depuis le début du conflit, le Premier ministre et la ministre de l'Emploi et de la Solidarité affirment le contraire et ne cessent de le renvoyer vers les responsables de la CNAM.
« Nous attendons maintenant que Jospin s'engage de la même façon », insiste-il encore. Ce qui, selon lui, serait tout à fait logique, après le succès de la manifestation du 10 mars. Un succès qui appelle d'autres initiatives, affirme-t-il, et qui devrait conduire enfin les pouvoirs publics à prendre des décisions rapides.
La promesse de Jacques Chirac satisfait évidemment le nouveau président de la Fédération des médecins de France (FMF), Jean-Claude Régi, qui reste cependant prudent : « Verba volent », s'exclame-t-il, car il sait que nous sommes en période électorale. « Mais ce propos du candidat Chirac montre aussi que l'idée a fait désormais son chemin et qu'il est difficile de s'opposer à une revendication désormais soutenue par l'ensemble des médecins. » Jean-Claude Régi ne manque pas de rappeler que le G7 (groupe de travail qui a réuni l'année dernière les représentants de la CSMF, du SML, de la FMF et de quatre syndicats de salariés, CFTC, FO, CGC, CGT), avait proposé que la consultation soit portée à 30 euros. « On en est encore loin », dit-il.
Pour le Dr Pierre Costes, président de MG-France, le C à 20 euros est « une mesure emblématique », une revendication de l'ensemble des médecins. Et le proposer aujourd'hui, campagne électorale oblige, ne peut que satisfaire les généralistes. Mais, rappelle aussitôt Pierre Costes, le but est d'arriver, « comme le demande MG-France à C = CS » (c'est-à-dire à 22,87 euros). C'est dans cette perspective, dit-il, que l'accord signé avec la CNAM prévoit un C à 23 euros (dans le cadre de la consultation approfondie annuelle pour les malades souffrant d'une affection de longue durée), une mesure dont le Dr Costes espère qu'elle sera étendue à d'autres consultations. Comme la visite majorée pour maintien à domicile à 30 euros, dont le principe, dit-il, doit être élargie aux visites dans les maisons de retraite et à certains cas individuels. On aura compris que, pour le président de MG-France, la promesse de Jacques Chirac reste encore limitée.
Un message clair
Finalement, c'est peut-être le Dr Dinorino Cabrera, président du SML, qui est le plus indulgent avec le président de la République, même s'il sait que de tels propos sont monnaie courante en période électorale. « Mais il est clair, dit-il, que Jacques Chiracest sincère en l'occurrence, qu'il sait l'importance du C à 20 euros pour les médecins. »« Maisce n'est pas suffisant, il faut maintenant aller plus loin, dit-il. Les médecins généralistes demandent plus :une reconnaissance réelle de leur rôle, une négociation nouvelle d'une convention unique, de nouvelles relations avec les pouvoirs publics et l'assurance-maladie. » Et pour le président du SML, « Jacques Chirac a compris tout cela : il l'a dit devant les assises du CNPS et à France 2, en reconnaissant qu'il s'était trompé sur le principe de la maîtrise comptable. »
Les médecins « qui ont sanctionné Jacques Chirac en 1997 ne doivent pas oublier aujourd'hui, dit-il , quelle politique a été menée par le gouvernement Jospin en matière de santé ». Mieux, conclut-il, « aujourd'hui, Jospin ne dit rien et ne fait rien, alors que plusieurs milliers de médecins sont descendus dans la rue dimanche dernier et ont montré leur détermination ». On aura compris le message.
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